Même s’il restera principalement destiné aux enfants, ce premier "Gremlins", réalisé par Joe Dante restera un conte de Noël joyeusement débridé et amusant qui fera aussi bien sourire son public ciblé que les adultes.
Le script invite dans une petite ville un Mogwaï, petit animal qu'un père vient d'offrir à son fils, un jeune adulte, pour Noël, mais celui-ci ne va pas respecter les règles inhérentes au train de vie de la petite boule de poil, provoquant ainsi d'abord une multiplication du Mogwaï en quelques congénères qui vont ensuite se transformer en de petits monstres vicieux, irrévérencieux et méchants.
La séquence d'introduction va nous présenter cet homme, un inventeur d'appareils ménagers farfelus à la recherche d'un cadeau de Noël pour son fils qui va échouer dans Chinatown où, dans un boutique tenue par un vieux chinois, il va acheter une petite créature toute mignonne, un Mogwaï. Ensuite, le métrage va prendre place dans la petite ville de Kingston Falls pour nous présenter ses personnages principaux et notamment Billy, un jeune homme travaillant dans une banque qui va avoir quelques petits soucis avec une cliente acariâtre avant le soir de rentrer chez lui, bientôt rejoint par son père, l'inventeur de l'introduction, qui va lui offrir le Mogwaï. Toute cette première partie du métrage sera plutôt souriante, le réalisateur prenant un véritable plaisir à placer quelques situations destinées aux adultes écorchant ironiquement la société américaine, et notamment l'hypocrisie liée aux fêtes de fin d'année, tandis que la présentation de l'adorable Mogwaï, qui sera appelé Gizmo, aura de quoi ravir les plus jeunes. Et bien entendu, les trois règles dictées par l'ancien propriétaire de la petite bête, à savoir ne jamais placer l'animal en pleine lumière, et surtout celle du soleil qui pourrait le tuer, ne pas le mouiller et ne pas le nourrir après minuit, vont être bafouées involontairement par Billy, entraînant une série d'événements d'abord juste surprenants, avant que le métrage ne se décide à nous offrir une seconde partie de folie lorsque les Mogwaï nés de la rencontre de Gizmo avec un verre d'eau vont se transformer, après avoir reçu de la nourriture après l'heure fatidique, en de petites créatures ignobles et vachardes, les gremlins, qui vont semer la zizanie dans Kingston Falls.
Ce sera évidement cette seconde partie qui sera la plus jouissive et débridée, en multipliant les séquences délirantes mettant en avant ces gremlins impayables d'irrévérence et d'hystérie communicative (l'excellente scène dans le bar, par exemple), au cours desquelles le réalisateur va également accumuler les clins d'œil cinéphiles dans la bonne humeur. Mais le métrage saura aussi se montrer plus tendu (le final dans le supermarché), apportant même un petit suspense et un semblant de tension (certes bien vite désamorcée par l'arrivée de Gizmo en voiture miniature), alors que la première séquence avançant les petits monstres sera également terriblement démonstrative, en faisant preuve d'imagination pour éliminer les petites créatures de façon graphique mais surtout amusante (le four micro-ondes, par exemple).
Et c'est justement ce mélange savamment dosé qui fera la force du métrage, en parvenant à placer quelques plans graphiques volontaires dans une ambiance presque bon enfant et à inclure quelques scènes décapantes qui feront rire malgré leur gravité (la vieille dame et son fauteuil monte-escalier), tout en fustigeant ses contemporains sans que cela ne vienne nuire à la lecture au premier degré que pourront faire de l'ensemble les plus jeunes spectateurs, et ce en plaçant suffisamment d'éléments pour diriger leur attention. Et puis surtout, Joe Dante parviendra à insuffler à l'ensemble un rythme effréné qui s'emballera dans la deuxième moitié du film pour dérouler ses rebondissements et ses situations cocasses avec une frénésie qui fera plaisir à voir.
L'interprétation est cohérente, mais manquera quand même de charisme à l'écran, ce qui sera largement compensé par la prestation des gremlins, tandis que la mise en scène du réalisateur est efficace, rythmée et vive pour ne pas laisser un instant de répit au spectateur une fois l'intrigue véritablement lancée, tout en parsemant le film de plans terriblement réussis flirtant même avec l'épouvante (lorsque les gremlins vont déchirer l'écran de cinéma, par exemple).
Les effets spéciaux sont probants, avec bien entendu ces petits monstres remarquablement animés pour paraître de la sorte complètement crédibles.
Donc, ce "Gremlins" sera un très bon divertissement pour tous, grâce à ses différents niveaux de lecture et par sa capacité à offrir des moments de délire jouissifs !
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