Petit western sans prétention au rythme régulier et animé par certains protagonistes truculents, ce "Durango encaisse ou tue" ne pourra certes espérer marquer son spectateur mais se suivra pour autant facilement grâce à une intrigue solide et bien charpentée portée par un certain sens de l'humour souvent souriant qui tranchera face au sérieux de son personnage principal.
Le script va laisser Durango, un récupérateur d'argent auprès de personnages indélicates, se heurter à un cruel banquier tenant une ville sous sa coupe grâce à des prêts octroyés qu'il force à se faire rembourser avant les délais prévus, ruinant ainsi ses "clients".
Dans son introduction, le métrage va s'attacher à nous présenter son personnage principal, Durango, que nous découvrirons en plein travail puisqu'il va commencer par récupérer de l'argent auprès d'un sinistre personnage dans un bar, nous faisant bien voir d'entrée qu'il n'est pas là pour rigoler, tandis qu'ensuite, ce sera un fermier et sa jolie fille qu'il va aider, ceux-ci s'étant fait voler leur bétail par une bande de mexicains que Durango va aller traquer dans un saloon, n'hésitant pas à les tuer pour récupérer l'argent de la vente du bétail et le ramener à son propriétaire légitime.
L'intrigue cherchera donc à installer la force tranquille et l'assurance de ce Durango qui opérera toujours sur la même mode pour intimider ses interlocuteurs, leur donnant systématiquement dix secondes pour obéir, tandis qu'il prendra pour son compte dix pour cent de la somme ainsi récupérée, mais hélas malgré toute la bonne volonté affichée, l'interprétation presque monolithique de Brad Harris nuira quand même à la bonne mise ne place du personnage, mais sans pour autant sombrer dans le ridicule, loin de là.
Durango va ensuite aller s'installer provisoirement à Tucson, dans un hôtel tenu par la belle Margot et vite se rendre compte qu'un certain Fergusson, un banquier, règne sur la ville, en demandant à des clients à qui sa banque a prêté de l'argent d'anticiper le remboursement, comme ce pauvre barman récemment installé et qui se fera prier de rendre l'argent emprunté sous deux jours par deux hommes de Fergusson qui en plus vont se moquer de lui et le ridiculiser. Durango ne laissera pas faire et une bagarre bien agencée et violente va venir secouer le saloon, laissant bien évidemment les adversaires de Durango au tapis.
Fergusson tentera alors sans succès d'embaucher Durango, tandis que pendant ce temps-là un bien mystérieux client va venir à l'hôtel pour demander à occuper la chambre louée par Durango au rez-de-chaussée sous un prétexte fallacieux pour en fait se renseigner en écoutant le télégraphe et ainsi pouvoir fomenter un plan pour voler de l'argent à Fergusson. Durango interviendra de manière prévisible et récupérera l'argent de Fergusson mais ce sera au moment de se faire payer que les choses vont s'envenimer.
La suite du métrage verra Durango devoir faire équipe avec ce mystérieux client de l'hôtel, un mexicain gouailleur nommé El Tuerto pour des situations assez classiques mais toujours captivantes et qui bénéficieront du charisme de ce El Tuerto, roublard toujours grugé et perdant quoiqu'il arrive mais qui prendra toujours son malheur avec une bonne humeur communicative, tandis que l'intrigue va se laisser aller à des rebondissements certes régulièrement prévisibles dans ces trahisons facilement anticipables mais qui arriveront aisément à distraire et à former un ensemble compact et continu avec même quelques bonnes idées (les lépreux, le "suicide" de Fergusson) jusqu'à son dénouement souriant.
Le métrage comportera son lot de séquences dynamiques typiques avec ces bagarres serrées et parfois assez méchantes, tandis que Durango ne fera pas de quartier face à ses adversaires mais sans réellement faire preuve de méchanceté gratuite ou de sadisme, le film nous proposant également une attaque de diligence et une fusillade rythmée et palpitante à l'envergure inespérée dans ce contexte. Et au niveau des protagonistes on retrouvera toute une série de "gueules" patibulaires très graphiques et intimidantes qui donneront de l'ampleur à certaines situations du film.
Hélas, on ne pourra pas forcément en dire autant du personnage principal qui semblera quand même bien aidé par l'intrigue pour se sortir des mauvais coups et dont le manque de charisme à l'écran viendra contrarier en partie les intentions du réalisateur, en grande partie à cause du jeu sans expressions définies de Brad Harris qui traversera le métrage sans avancer la moindre émotion visible. Mais pour contrebalancer ce manque, on pourra compter sur José Torres dans le rôle d'El Tuerto pour camper ce personnage haut en couleurs, goguenard et passant son temps à jurer et à tenter de rouler ses partenaires pour toujours voir ses plans se retourner contre lui pour ainsi donner au film un aspect humoristique bienvenu qui permettra même de donner de la vie à certaines phases du script. L'interprétation sera également épaulée de manière probante par la belle Gisela Hahn dans le rôle de Margot pour donner un semblant de sensualité à l'ensemble et tandis que Gino Lavagetto va interpréter un Fergusson (volontairement ?) ridicule et rendre son personnage pas du tout crédible. On devra de la sorte espérer que c'est voulu par le réalisateur car sinon, cette erreur de casting deviendrait vraiment grossière. La mise en scène du réalisateur Roberto Bianchi Montero est plutôt vive et dynamique pour suivre les événements de manière fluide et constante pour ne laisser aucun temps morts et parviendra à tirer profit de décors réalistes.
Donc, ce "Durango encaisse ou tue" restera un solide petit western divertissant, souriant et plaisant mais certainement pas inoubliable !
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