Ce cinquième épisode de la franchise marque le pas et s'éloigne définitivement de l'univers et de l'ambiance crée par l'écrivain/ réalisateur anglais Clive Barker, pour nous conter une histoire qui n'avait pas du tout besoin du soutien des cénobites.
En effet, le script suit la dérive d'un inspecteur de police aux prises avec un mystérieux malfrat nommé "l'Ingénieur", qui semble jouer avec lui, alors que son univers personnel s'écroule et qu'il semble lié de très près aux meurtres sur lesquels il enquête.
Et c'est tout en impliquant d'entrée l'intrigue que le métrage nous présente son personnage principal, un policier plus que limite qui n'hésite pas à se droguer, à voler de l'argent et à tromper sa femme avec une prostituée, tout en disséminant ici ou là quelques petits éléments faisant bien entendu référence au mythe de la franchise ( la première victime mise en bouillie avec des crochets, la présence du cube ), avant de laisser entrevoir un possible lien direct avec l'univers des cénobites grâce à une séquence onirique probante et fantasque.
Mais hélas, ensuite le film s'éloigne presque complètement de ce domaine pour aller chercher ses rebondissements du côté du polar, même si quelques petites touches ( les pseudos hallucinations du héros ) continuent d'en faire un étroit lien, tout en se laissant aller de temps en temps à de petites dérives sanglantes ( les meurtres ), mais en ne laissant jamais planer le moindre doute sur l'identité de cet "Ingénieur" et en restant quand même plutôt confus dans ses différentes situations. Et ce n'est que dans la toute dernière bobine que le réalisateur cherchera à justifier pleinement l'appartenance du métrage à la saga "Hellraiser", sans grande conviction dans sa volonté moralisatrice bon marché.
Mais si l'intrigue reste convenue, le métrage développe heureusement quelques situations d'une violence assez graphique ( le passage à tabac de l'indic, par exemple ) et met en scène un héros différent par son immoralité avérée ( mais parfois exagérée ), mais ne fait guère illusion dans ses tentatives de manipulation du spectateur au travers de scènes vécues et revécues par le personnage principal.
Restant le grand absent du métrage, "Pinhead" ne fait que trois courtes apparitions et ne parvient donc pas à imprégner le film de son charisme habituel. Cela dit, il est ainsi remplacé par d'autres cénobites vaguement plus présents ( les hallucinations ) et d'un graphisme assez flatteur.
L'interprétation est convenable, même si Craig Sheffer en fait souvent trop, et la mise en scène du réalisateur est presque quelconque, n'utilisant guère d'effets et ne dynamisant aucunement l'action. Les effets spéciaux sont réussis, aussi bien lorsqu'ils versent dans un gore timide que dans l'animation et le maquillage des cénobites, avec en point d'orgue une tombée en poussière gelée de deux personnages plus que maîtrisée.
Donc, ce "Hellraiser V : Inferno" se laisse voir, mais laisse un goût amer dans la bouche de tout amateur de la franchise, en n'augurant pas de meilleurs auspices pour la suite !
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