Après le magistral “No Country for old men”, l’adaptation éponyme du roman de Cormac McCarthy avait droit à toute notre attention, l’ère est à la destruction de l’homme, 2012 l’a démontré à large renfort d’effets spéciaux tonitruants, John Hillcoat va s’attacher lui à démontrer que le plus redoutable prédateur de l’homme est bien l’homme.
Nous subissons une apocalypse d’origine indéterminée mais dont le résultat préfigure aux vues de l’atmosphère qui y règne (soleil voilé par un nuage de poussière, plus de végétation ni d’animaux) la prochaine extinction de toute forme vivante sur notre planète. L’unique quête des rares survivants consiste à trouver tout ce qui peut être comestible et c’est au travers de Viggo Mortensen que nous suivons ces journées interminables ponctuées par la faim, le froid et la peur. Le renoncement matérialisé par ces deux cartouches alterne avec l’innocence de cet enfant dernier symbole d’humanité et d’espoir (le porteur de feu) où il est bien difficile d’entrevoir une issue heureuse tant l’âme humaine est mise à mal avec ces scènes sordides de cannibalisme où le réalisateur a volontairement zappé les pages les plus gores.
Quelle serait notre réaction face à un tel cataclysme et ses conséquences ?
C’est bien là l’intérêt de ce métrage qui se passe complètement d’esbroufes dans sa mise en scène aussi sèche que l’air et sa poussière omniprésente, il n’y a pas de jugements ni de solutions apportées, les réactions sont diverses à l’image du couple et des prises de décision mais une chose est sûre, il nous appartient le droit de choisir.
Ce drame planétaire souffre de quelque longueurs comme pour bien marquer l’effondrement de notre société et des plaisirs dont nous étions dépendants. Dans ce chaos, le seul plaisir consiste à se laver dans l’eau glacée pour évacuer toute cette charge émotionnelle contenue et les seuls loisir restent les souvenirs.
On reste un peu frustré des rencontres furtives avec notamment celle du vieil homme interprété par le méconnaissable Robert Duvall mais le message lui est parfaitement passé, notre civilisation est au bord de l’abîme et sa violence récurrente risque de l’amener au point de non retour.
Le montage souffre de quelques incohérences pour la lisibilité de la mise en scène même si John Hillcoat respecte quasiment à la virgule près l’œuvre de McCarthy.
Viggo Mortensen est une fois de plus impeccable, encore une fois on peut regretter qu’un personnage comme Robert Duvall est été sous-employé.
La route est loin d’être une ballade tranquille, ce parcours sur la volonté de survivre et de ne pas renoncer à toute humanité ne peut laisser indifférent le spectateur même si les plus jeunes doivent en être exclus. Le sujet est suffisamment sensible pour attirer notre intérêt mais l’adaptation paresseuse laisse un léger goût de cendre et de regret pour ce qui aurait pu être un véritable chef d’œuvre.
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