Œuvre incroyable avec son mélange des genres pour passer du péplum à l'érotisme "hardcore" avec même un soupçon de gore, sans oublier son casting de renom, ce "Caligula" sera véritablement un OVNI filmique ouvertement jouissif et surprenant pour traiter de l'antiquité et du célèbre tyran avec un esprit festif largement graphique.
Le script va suivre l'avènement de Caligula, empereur romain qui va faire de son règne une escalade dans la débauche et la folie jusqu'à son assassinat.
Pourtant le métrage va commencer par avancer son personnage central, Caligula, de manière en apparence bien guillerette puisque ce sera en pleine forêt que nous découvrirons le personnage s'amusant à des jeux érotiques avec une demoiselle, Drusilla, guère vêtue (pour déjà laisser une sensualité à fleur de peau prévaloir), pour ensuite les retrouver dans un fastueux lit où ils vont encore batifoler quelque peu avant qu'un messager ne vienne prévenir Caligula que l'empereur Tibère désire le voir. Nous apprendrons aussi que Drusilla n'est autre que la sœur de Caligula, ce qui rendra cette introduction bien moins anodine et légère avec cet inceste clairement avancé.
Mais ce ne sera rien comparé à ce que le métrage va nous réserver par la suite avec d'abord cet univers impossible, décadent, sexuel et cruel dans lequel va évoluer ce vieil empereur vivant au milieu de satyres et de nymphes se livrant perpétuellement à des actes sexuels ou sadiques que le métrage détaillera par de brefs plans parfois bien explicites. C'est là que Caligula, petit-fils adoptif de Tibère et accompagné par son fidèle Macro, va passer quelques temps avec son grand-père, discourant notamment sur les complots et la succession de celui-ci au milieu de cet environnement dépravé et fourbe, jusqu'à ce que Macro, guidé par Caligula, tue Tibère, faisant ainsi de son ami le nouvel empereur romain.
Ce sera le début d'une épopée décadente complètement folle, puisque l'intrigue va suivre les méfaits d'un Caligula pensant un moment prendre sa sœur pour femme avant de se résigner et de choisir une courtisane libertine et qui va se livrer à toutes les folies et perversions, n'hésitant pas par exemple à transformer les femmes des sénateurs en prostituées pour "équilibrer le budget le l'état", mais surtout en se livrant à différentes exactions bien gratinées et toujours à caractère sexuel (comme par exemple ce mariage d'un officier où Caligula s'invitera pour déflorer la mariée et s'occuper du marié de manière dégradante) pour en plus laisser un aspect sanglant venir sporadiquement se mêler aux situations (les têtes coupées par cette étrange machine dans l'arène).
Mais l'intrigue va bien entendu s'intéresser de près à ce Caligula despotique, persuadé dans sa folie d'être un dieu et capable des pires frasques frisant parfois le n'importe quoi (l'importance qu'il donnera à son cheval, par exemple) pour bien suivre sa descente vers une folie déraisonnable qui va le pousser à aller de plus en plus loin, surtout après la mort tragique de sa sœur Drusilla. Mais ce ne sera pas le seul personnage à être mis en avant par le film puisque toute une série de protagonistes vont graviter autour de Caligula, donnant ainsi un ensemble compact, cohérent et historiquement crédible à la mesure des moyens mis en œuvre pour créer le métrage.
Création qui fût d'ailleurs chaotique entre le réalisateur Tinto Brass et son producteur Bob Guccione (fondateur du magazine "Penthouse") au point que le réalisateur renie le film et que le producteur aurait même tourné des séquences additionnelles de nuit dans le dos de Tinto Brass, pour donner une sensualité encore plus exacerbée au film. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cet aspect va prévaloir tout au long de l'intrigue pour même avancer des plans "hardcore" (plutôt surprenants dans le contexte et la participation au film d'acteurs de renom) qui vont avancer de manière graphique pénétrations et fellations, alors que l'érotisme sera déjà bien représenté avec de nombreuses séquences osées qui mettront en avant des demoiselles guère vêtues se livrant à des ébats allant même parfois jusqu'à l'orgie pure et simple et tandis que l'homosexualité ne sera pas en reste pour quelques plans ouvertement déviants d'homosexualité masculine, laissant un saphisme s'exposer bien plus largement. Mais cette sexualité déviante s'exprimera également au travers de cet inceste avéré qui alimentera une partie des situations puisque Drusilla aura une influence évidente sur Caligula, laissant place à des relents de nécrophilie à la mort de la jeune femme. Parmi les autres aberrations du film, on pourra également citer cet accouchement avec quelques gros plans cherchant résolument à choquer, cette mort d'enfant graphique lors du final ou encore cette émasculation frontale, mais le métrage fourmillera de tellement de séquences chocs et provocatrices qu'il serait indécent de toutes les citer.
Ce déferlement de débauche prendra une saveur encore plus particulière lorsque s'y trouvera mêlé des acteurs guère habitués à participer à ce genre de contexte au sein d'une interprétation convaincante et adaptée à la folie ambiante, avec un Malcolm McDowell en roue libre surjouant et hystérique, un Peter O'Toole excellent dans le rôle de Tibère et tandis que nous retrouverons des acteurs moins regardants mais tout aussi excellents comme John Steiner ou la belle Teresa Ann Savoy pour camper Drusilla. La mise en scène de Tinto Brass est remarquable pour donner de l'ampleur à certaines séquences fortes du film tout en surfant sur l'érotisme ambiant auquel le réalisateur est habitué. Les quelques effets spéciaux sanglants sont plutôt réalistes et crédibles pour ajouter encore à l'atmosphère démente du métrage.
Donc ce "Caligula" restera une expérience à part, étrange par son contexte mais pour autant terriblement jouissive dans sa provocation et sa volonté graphique exacerbée jusqu'à l'excès et la démesure la plus totale !
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