Réalisé par Umberto Lenzi, ce "Pistolets pour un massacre" (également connu chez nous sous le titre de "La malle de San Antonio") va dérouler une nouvelle histoire de vengeance somme toute très classique en apparence mais dont le déroulement par ailleurs prévisible va quand même comporter quelques éléments surprenants et avantageux.
Le script va laisser un quaker donner libre cours à sa soif de vengeance suite au meurtre de ses parents et notamment retrouver le chef des assassins dans une petite ville où ce dernier espère bien récupérer un magot devant arriver à la banque locale.
D'entrée le métrage va nous présenter son personnage principal, Jim Slade, un soldat sudiste condamné pour avoir refusé de se servir d'une arme à feu à deux ans de travaux forcés, non sans avoir auparavant subi les sarcasmes de ses "compagnons" qui vont en plus lui reprocher de ne pas boire de whisky. Un rapide détour sadique viendra suivre Jim pendant l'exécution de sa peine qui sera écourtée avec la fin de la guerre et lorsqu'il rentrera chez lui, ce sera pour trouver ses parents morts, récemment assassinés par quatre hommes comme il l'apprendra bientôt, en étant même mis au fait des noms de trois d'entre eux.
De quaker Jim va se transformer en bourreau en apprenant bien vite le maniement des armes à feu pour ensuite partir en chasse et ainsi empêcher la pendaison du premier des coupables du meurtre de ses parents pour avoir le plaisir de le tuer lui-même ensuite dans un élan immoral assumé surtout que l'homme creusera sa propre tombe. Les deux autres fautifs seront également très rapidement mis hors d'état de nuire par un Jim qui ne s'embarrassera pas de fioritures pour tuer de sang-froid (et même devant leur famille) les criminels.
Le métrage lancera donc son intrigue très vite et, tout en se permettant quelques fantaisies (pourquoi Jim, quaker refusant la violence est devenu soldat dans l'armée sudiste, par exemple ?), accumulera dans son premier quart d'heure la mort de trois des quatre hommes recherché par Jim, le laissant alors avec uniquement un nom pour celui qui manquera à l'appel, un dénommé Corbett, inconnu du shérif local. Jim va alors se lancer dans une quête qui va le mener dans une petite ville en apparence tranquille où au saloon il va faire la connaissance du maire et d'un certain Douglas, un prédicateur venant lui aussi d'arriver sur place.
Comme par hasard au même moment une bande de bandits va investir la banque afin d'effectuer un braquage censé leur rapporter les 200 000 dollars qui devait arriver le jour même, mais par manque de chance pour les pillards, le transfert n'a pas eu lieu. Un des membres de la bande de braqueurs va aller s'amuser à provoquer les clients du saloon et notamment Jim, tandis que dans leur fuite les voyous vont descendre le shérif. Le maire va alors demander au prédicateur et à Jim de devenir shérif, mais Jim va préférer quitter provisoirement les lieux et il faudra un événement bien providentiel pour que Jim apprenne que le chef de la bande de braqueurs qui vient de sévir dans la ville n'est autre que le Corbett qu'il recherche. Et donc bien entendu Jim va revenir en ville pour attendre Corbett, celui-ci ne devant pas manquer de revenir s'attaquer à la banque une fois les 200 000 dollars arrivés.
Évidemment l'intrigue pourra sembler bien opportune pour relancer la traque jusque-là aveugle de Jim mais on pourra compter sur les différents protagonistes pour égayer l'ensemble, avec par exemple ce croque-mort souriant, ce prédicateur qui n'hésitera pas à faire usage de son arme et bien entendu ce Corbett charismatique. Mais l'élément le plus surprenant et le plus volontaire ne va être avancé qu'après pour relancer l'action lorsque nous apprendrons que les fous d'un asile ayant brûlé sont enfermés dans la prison de village, où l'intrigue fera un détour pour avancer des malades mentaux bien graphiques et aux faciès grotesques pour plus tard laisser l'immanquable survenir puisque ce ramassis de violeurs, pyromanes et autres assassins va s'échapper pour semer la zizanie.
En effet, ces malades mentaux vont par exemple s'attaquer au saloon commettant un meurtre bien gratiné (mais non cadré par la caméra) ou chercher à violer une jeune femme lors d'une séquence tout droit héritée du cinéma d'horreur pour nous offrir ainsi certainement le passage le plus marquant du métrage. Car pour le reste on devra se contenter du tout-venant du "western spaghetti" avec des retournements de situations dans le dernier acte qui déboucheront sur un twist moisi et trop facilement anticipable, notamment au cours de l'assaut de la bande de Corbett sur la ville pour s'emparer du magot qui s'achèvera par un duel final classique.
Le métrage va se comporter comme tout bon "western spaghetti" avec son lot de fusillades et de bagarre parfois bien méchantes (comme lorsque Jim va s'acharner sur l'un de ses ennemis) qui présenteront une violence parfois quelque peu sanglante et qui seront alignées sur un rythme vif et dynamique comme souvent chez Umberto Lenzi mais hélas les différents personnages vont souffrir de personnalités basiques et guère développées avec notamment ce personnage principal lisse, sans saveur et qui ne prendra même pas le temps de s'intéresser à la belle chanteuse du saloon, mais heureusement la plupart des seconds rôles seront plus savoureux, entre ces malades mentaux graphiques, ce croque-mort souriant et ce Corbett un brin gouailleur.
L'interprétation sera au diapason avec un Peter Lee Lawrence guère expressif tandis qu'en face de lui John Ireland et Piero Lulli auront bien plus de prestance et tandis que nous retrouverons avec plaisir dans le rôle de l'un des fous Eduardo Fajardo, plus connu pour son interprétation de Jackson de le "Django" de Sergio Corbucci. La mise en scène d'Umberto Lenzi est efficace pour dynamiser l'ensemble mais tout en demeurant simple et sans effet de style.
Donc, ce "Pistolets pour un massacre" s'avérera être un western honorable malgré les petits défauts de son intrigue opportuniste et basique mais qui seront contrebalancés par certaines idées et situations détonantes et jouissives !
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