Après un brouillon mais sympathique "Undead", les frères Spierig débarquent cette fois-ci avec un film de vampires, ce "Daybreakers" qui va pourtant éviter soigneusement de se conformer à la mode ambiante pour au contraire nous proposer un univers aussi inédit que rendu foncièrement crédible pour dérouler une intrigue certes non exempte de défaut mais qui va garantir une action permanente et renouvelée avec des idées et des révélations successives, ce qui se fera hélas quand même au détriment de certaines parties de l'intrigue salement sous-exploitées.
Le script va prendre place dans un monde dominé par les vampires suite à une mutation et traitant les humains comme du bétail, pour y suivre le combat d'un chercheur vampire refusant sa condition et qui va bientôt s'allier avec des humains ayant trouvé un remède à l'état vampirique.
Dans son introduction le métrage va s'attacher à nous faire pénétrer dans ce monde désormais aux mains des vampires après une mutation ayant transformé la majorité des humains en buveurs de sang, sans pour autant que le métrage s'attarde sur les causes de cette mutation pour plutôt nous faire rentrer dans ce nouveau monde complètement réaménagé pour permettre à la société vampire de vivre, comme le faisait le notre auparavant, et ce sera l'un des points forts du film puisque cet univers parallèle sera immédiatement crédible, multipliant les petits détails croustillants mais réalistes et sans pour autant s'appesantir sur chaque idée pour au contraire passer dessus et aller à al suivante pour finalement se lancer dans la présentation du personnage principal, Edward, un chercheur en biologie vampire qui va travailler pour une multinationale cherchant à créer un substitut au sang humain puisque celui-ci se fait rare, obligeant l'état à rationner les populations tandis que se développe une race de dégénérés qui privés de sang se transforment peu à peu en des monstres vampiriques incontrôlables et sanguinaires.
Le métrage va tout de suite mettre en avant "l'humanité" d'Edward qui aura du mal avec sa condition de vampire, n'approuvera pas du tout le traitement réservé au humains qui servent de bétail aux vampires, mais n'aura pas de chance avec ses expériences pour créer ce substitut tant attendu, avec notamment un ratage bien graphique. C'est dans ce contexte que nous allons aussi rencontrer le frère d'Edward, Frankie, qui lui vivra bien sa condition de vampire et aura rejoint l'armée pour chasser les humains, avançant ainsi des relations houleuse entre les deux protagonistes qui devront pourtant faire cause commune le temps de se débarrasser d'un dégénéré qui va attaquer la maison d'Edward.
Mais l'intrigue va véritablement se mettre en place lorsque Edward va avoir un accident avec un véhicule conduit par des humains qu'il va cacher aux forces de police arrivant sur place pour bientôt se voir convié à un rendez-vous avec Elvis, une sorte de chef mâtiné de gourou d'une bande d'humains et qui aura trouvé accidentellement le moyen pour les vampires de redevenir humains. Mais bien entendu les vampires vont se mettre en chasse et traquer le petit groupe comme le désire Charles Bromley, le patron d'Edward qui aimerait bien qu'il revienne travailler sur ce substitut, la situation des vampires empirant de jour en jour par manque de sang humain.
Scindé en deux parties le métrage va d'abord laisser s'installer l'intrigue dans cet univers avançant donc de très nombreuses trouvailles judicieuses pour avancer les enjeux du film, et non des moindres puisqu'il sera question de la survie de cette race de vampires les mains liées face aux multinationales approvisionnant la foule en sang humain (dans une solide caricature du système capitaliste), pour laisser le personnage principal avoir la possibilité de changer le cours des choses mais du coup se retrouvant lui aussi paria de cette société, débouchant alors sur une seconde partie certes riche en action mais qui va complètement délaisser certaines sous intrigues pourtant fortes et motivantes, comme cette relation entre Bromley et sa fille refusant de devenir une vampire et plus encore sur l'évolution du frère d'Edward, privant ainsi de fait le métrage d'émotions pour laisser une action heureusement riche et volontaire s'imposer jusque dans ce dernier acte bien méchant et sanglant qui va notamment nous offrir un véritable carnage gore mémorable avant de laisser la voie à une éventuelle suite qui pourrait bien voir le jour sous peu.
Le métrage aura aussi un traitement différentiel avec ses personnages puisque si le personnage central sera bien travaillé, on ne pourra pas forcément en dire autant des autres protagonistes comme ce Elvis délaissé et relégué au second plan, tout comme cette humaine bien proche d'Edward mais qui ne servira presque que de faire-valoir, tandis que comme on l'a déja vu certaines relations entre les personnages seront remisées et presque bâclées en dépit du potentiel fort qu'elles comportaient.
Pour autant le métrage vaudra également pour cet univers crédible et ces décors remarquablement bien trouvés en falsifiant notre monde actuel et l'action sera soutenue et virevoltante pour largement en imposer tout en ne rechignant jamais à se laisser aller à un aspect sanglant bien présent et furieusement jouissif.
L'interprétation est cohérente, guère aidée par le jeu limité d'Ethan Hawke, tandis que Sam Neill va surjouer plus que de raison et que Willem Dafoe sera laissé au de côté par l'intrigue. La mise en scène des frères Spierig est certes dynamique et volontaire dans l'action mais n'aura pas de personnalité propre en étant trop aseptisée. Les effets spéciaux sont largement probants, aussi bien pour les maquillages volontaires des créatures dégénérées que pour ces effets sanglants plus que graphiques.
Donc, ce "Daybreakers" arrivera à en imposer dans la création de cet univers crédible et bien trouvé jusque dans les rebondissements qui en découleront (comme la méthode terrible utilisée pour se débarrasser des dégénérés), mais pêchera juste quelque peu par manque d'émotions et d'implication du spectateur dans l'intrigue, ce qui sera en partie compensé par cette action aussi remuante que sanglante !
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