En 1972, Tomisaburo Wakayame, le frère ainé de Shintaro Katsu (producteur et interprète de la série Zatoichi), propose à son frère d'adapté la bande dessinée "Baby Cart" à l'écran et d'en faire une nouvelle franchise pour sa boîte de production.
C'est Kenji Misumi, le réalisateur préféré des deux frères (déjà initiateur de la série Zatoichi) qui va lancer la série en réalisant les trois premiers films la même année.
Mais bien que culte, le résultat n'est pas à la hauteur de la série Zatoichi. Baby Cart se distingue par un regain de violence et de sexe pour répondre à la demande du public (le sang est rouge vermillon, les membres décapités volent régulièrement dans les airs, entrainant des geysers de sang giclant à 3 m au moins).
A se plier au public, Misumi en perd son art et il sombre ici dans de la mise en scène de série B. Il faut dire qu'il n'est pas aidé par son équipe technique. Dans les premiers films, les décapitations sentent l'amateurisme aigüe. Son cameramen semble improviser constament son cadre et n'arrive pas à faire un panoramique constant. Même ses lumières semblent constement artificielles. Mais le comble est atteint avec le son, qui n'a pas été pris lors du tournage et où le bruiteur semblait être en vacances durant la session de doublage. Dans les deux séquences cultes de combat du premier film, il n'y a aucun son en dehors des "zings" des katanas et des dialogues parlés ! Pourtant la première se déroule dans une rivière à coté d'une cascade (aucun bruit d'eau) et la deuxième dans une plaine balayée par les vents (pas le moindre souffle n'atteint nos oreilles).
Le deuxième film de la série, tourné dans la foulée du premier a les mêmes qualités (scénario et interpétation) et les mêmes défauts que le précédent. Pourtant les fans le considère souvent comme le meilleur.
Le troisième épisode est tourné dans la même année. Alors que Misumi semblait avoir cédé aux exigeances du public et de la production, il semble retrouver un peu de motivation personnelle dans cet épisode. Fini les gros plans inutiles et ridicules de membres décapités, on retourne vers des scènes de combat plus sobre et réaliste. On a aussi retrouvé le bruiteur qui semble être revenu de vacances ;o) . Et on retrouve l'oeil du grand Misumi comme dans la scène de contemplation de la nature de baby Daigoro. Cependant, il faut avouer que le scénario assez complexe de cet épisode est moins interessant.
Buichi Saito prend le relais de Kenji Misumi pour le quatrième épisode. Le réalisateur reprend fidèlement la recette des premiers films (un peu de sexe, de la violence, et du sang, du sang, du sang). Les combats sont totalement irréalistes et exagérés, ça décapite à tout va. Ca gicle le sang partout. Le scénario reste assez intéressant, mais la forme s'apparente trop à de la série B. D'ailleurs le combat final dans une gravière annonce déjà les sous merdes télévisés des séries SF de monstres tournées à partir des années 80.
Le cinquième film voit le retour de Kenji Misumi pour son ultime film. La qualité s'améliore enfin et malgré quelques fautes de goût persistant, on retrouve l'oeil du cinéaste qui a fait les meilleurs épisodes de la saga Zatoichi.
Le sixième film est surement le plus abouti techniquement. Tournée partiellement dans la neige, c'est aussi le plus couteux de la série. L'histoire prend un tournant onirique assez inattendu, qui n'est pas sans charme, mais le combat final du Loup Solitaire contre plusieurs centaines d'ennemis marque encore une fois une surenchère qui nuit à la série plus qu'autre chose.
Tous comme Zatoichi, Baby Cart sera adapté en série télévisée au Japon par la suite. Mais Tomisaburo Wakayame refusa de reprendre le rôle dans celle-ci.
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