Suspiria de d'Argento et Innocence de Lucile Hadzihalilovic partent de la même nouvelle de Frank Wedekind :Mine-Haha, ou L'éducation corporelle des jeunes filles. Raconter l'enfance et le passage à l'adolescence dans un premier film est monnaie courante. La manière dont le fait Hadzihalilovic l'est beaucoup moins. Aux antipodes de la chronique naturaliste, la cinéaste met en place un lieu perdu au milieu des bois où les petites filles arrivent pour y être éduquées. Comment ? Pourquoi ? De cet espace que l'on pressent rigoureusement codifié, c'est un lieu fantasmatique qui émerge, dans lequel elle nous invite à entrer sans a priori, simplement en gardant grands ouverts les yeux et les oreilles, en quête de sensations et de repères. Innocence se rapproche du conte et du fantastique afin de mettre en scène ce que c'est que grandir. Le film passe comme un songe ou plutôt comme un emboîtement de rêves successifs. La réalisatrice ne donne pas d'explications ce qui rend le film universel. Ce film magnifique et étrange laisse une impression durable dans les esprits.
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