CRITIQUE DVD

Sur le papier, associer deux pointures comme Philip, K. Dick et Steven Spielberg est forcément un gage de réussite, c'est presque trop beau, alors forcément on cherche le petit grain de sable.
PreCrime, une unité de police chargée d'arrêter des personnes pour des meurtres qu'ils s'apprêtaient à commettre, voilà une idée de base intéressante. Sans doute cette société se situant au milieu du 21ème siècle a du brûler sur la place publique tous les avocats du coin, car il parait inconcevable qu'aucun juriste ne ricoche sur cette procédure. On trouve aux manettes, ou plutôt aux gants, Tom Cruise, Aïe, doublé par Yvan Atal, Re-Aïe, gesticulant tel un chef d'orchestre Re-Re-Aïe, reconstituant la scène de crime qui lorgne pas mal sur Blade Runner. Pas besoin de titiller nos neurones, ni de Précog, si il y a un grain de sable, il est identifié.
La trame s'envole lorsque l'intouchable devient l'accusé, et surtout Steven Spielberg va sortir le grand jeu pour repousser au maximum l'épilogue inévitable et sans surprise.
Le film est loin d'être le chef d'œuvre attendu, plombé d'abord par sa méga-star et ses mimiques intarissables, mais on reste également sur notre faim d'un point de vue visuel. Ces véhicules circulant aussi bien en horizontal qu'en vertical font vraiment toc et puis la ballade entre les véhicules sur cet immeuble frise franchement le ridicule. De là à dire que le film est raté n'est pas non plus le cas, car la multitude de petites trouvailles technologiques tend à rendre ce futur très plausible : L'identification oculaire, la personnalisation publicitaire, donnent indéniablement de la consistance sur l'évidence de ce qui peut nous attendre dans les prochaines décennies.
La trame policière est assez bien dosée entre les dialogues et les scènes d'action, on note juste quelques petits creux et travers inévitables de la part de ce grand enfant de Spielberg, surtout sa fin édulcorée et grand public.
Le face à face entre Blade Runner et Minority Report n'a finalement pas lieu, le premier conserve encore une bonne vingtaine d'années d'avance et n'est pas là d'être détrônée dans le genre tandis que le second fait figure de solide et agréable divertissement.
Pour le coup l'association Steven Spielberg-Tom Cruise accouche d'une souris, mais heureusement, le maître a du tirer quelques enseignements car le meilleur est à venir avec un certain remake....

Difficile de parler d'esthétisme, on baigne en pleine désaturation des couleurs, le grain est également très présent, les contours ne sont pas toujours à la fête, et puis juste pour nous montrer que c'est volontaire, certains plans dans une semi-pénombre se montrent splendides dans le piqué ou la précision. Il faut savoir respecter le choix de son auteur.
La version SD livrée dans le packaging n’est pas non plus à la fête, aux choix imposés, il faut ajouter pas mal de bruits vidéo, une compression parfois visible et des contours nauséeux, pas franchement une réussite.

Une VF qui ne marquera pas les esprits avec cette piste DTS mi-débit, d'abord par un doublage qui n'emporte pas mon adhésion. Le dynamisme n'est pas toujours présent, si les effets ne souffrent pas du manque d'ampleur, les surrounds restent souvent muettes. Incontestablement la VO l'emporte sur tous les fronts : la limpidité, le dynamisme et la subtilité.
Pour la version SD, nous avons droit à un DD à 448 Kbps

On ne peut pas rater les indications au verso du boitier, « Plus de 3 heures de bonus indispensables »
Je n’ai pas sorti la calculette, mais ce qu’il faut retenir dans la première partie qui dure au total environ 90 minutes, c’est l’interview de Steven Spielberg (34’01) truffé d’interactivité basée sur de courtes séquences. On continue avec « A l’intérieur du monde du précrime (10’08), Philip K. Dick - Steven Spielberg et Minority Report (14’15), « M-R le futur réalisé » (6’19) impressionnant pour ce qui nous attend sur l’informatique, « les objets du futur » (9’40), « les meilleurs moments de M-R » en 2 séquences (8’57), « la publicité du futur » (3’52) et pour finir cette première partie 2 « Préviz » (3’47) non finalisés. Pour certains sujets l’intérêt est aléatoire, on note surtout le packaging commercial de Mister Cruise où futilité et complaisance frisent l’abondance. De loin l’interview de M. Spielberg constitue le morceau de choix.
La seconde partie reprend en fait les bonus de la précédente version de 2002, totalisant un peu plus de 80 minutes. L’ensemble ne manque pas d’image et de commentaires, au passage on dispose des archives regroupant les croquis, dessins, storyboards et photos.
Mais on aurait aimé un vrai making of bien structuré.

Une jaquette et sérigraphie identique, froide comme son contenu et envahissante comme sa star.

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