Katalin Varga n'est pas un portrait réaliste de la Roumanie contemporaine. Il assume au contraire une forme d'exotisme. Les Carpates et la Transylvanie retrouvent leur aura d'ultime frontière de l'Europe "moderne", montagnes qui ont largement nourri les récits populaires. On songe à Bram Stoker précipitant son héros dans les bras de Dracula et qui avait décrit ce même univers étrange, cette même ambiance mystique, cette délicieuse angoisse qui saisit le spectateur de Katalin Varga à la gorge. De ferme en village, de forêt en rivière, Katalin remonte sur les traces de son passé. Elle progresse dans des paysages de plus en plus inquiétants. Vers la vengeance ou vers la rédemption ? Cependant jamais nous ne franchirons les frontières du réel. Aucun événement irrationnel ne s'interposera sur le trajet de la jeune femme. Le fantastique n'est ici qu'un climat. De la même façon la rengaine entêtante des comptines qui accompagnent le film renvoie le spectateur à l'univers du conte, à la part sombre de son enfance, à sa peur du cauchemar. Soulignons enfin l'exceptionnelle richesse sonore de ce premier long métrage. Il faut dire que le réalisateur est également musicien au sein de "The Sonic Catering Band".
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