CRITIQUE DVD

Blade Runner reste une œuvre magistrale et incontournable dans le registre de la science-fiction. Très loin des Alien ou Star Wars, Ridley Scott nous dépeint une société toujours plus avide de technologie, un monde où le répliquant, esclave à la base, nourrit des sentiments proches de l'humain et s'insurge sur sa vie programmée trop courte.
On est plus proche du polar noir, la référence à Philip Marlowe n'est pas démentie par le réalisateur, robert Mitchum était du reste pressenti pour le rôle de deckard. Ridley Scott imprègne tout au long de son film une moiteur, une noirceur qui rend irrespirable la mégalopole L. A. Beaucoup de messages sont parsemés ici et là, on imagine un monde pollué au point que les animaux n’ont pas survécu à cette course effrénée à l’industrialisation, la publicité omniprésente qui la sert, cette propagande qui envahit nos murs et notre espace jusqu’à ses vaisseaux qui arpentent inlassablement les rues et le danger du clonage qui reste le fil conducteur de la trame du film.
L’aspect très sombre et pessimiste transpire de toute part, Ridley Scott venait de perdre son frère, on peut imaginer que la scène où Batty reproche à son concepteur une vie trop courte permet de lui rendre hommage.
Derrière cela l'œuvre est parfaitement maîtrisée, les personnages prédominent complètement sur l’action et peut expliquer en partie l'accueil assez tiède du public.
Harrison Ford est parfait en blade runner, sevré de « retrait », ce chasseur tombant amoureux de sa proie prend vraiment conscience de la richesse d’une vie et de sa fragilité, l’énigme à demi cachée laisse penser que lui-même est un répliquant. Rutger hauer trouve là son meilleur rôle, il vole presque la vedette à Harrison Ford, pour la petite histoire il a écrit lui-même cette prose magnifique à la fin du film « Tous ces instants qui disparaîtront dans le temps, comme les larmes sous la pluie ». Sean Young est magnifique de fragilité, difficile d’avoir un casting aussi homogène, où chaque personnage tient un rôle ciselé à la perfection.
Le Final Cut est finalement très proche du Director Cut, il est totalement apuré de la voix off, sujet de controverse pour une partie du public et surtout des producteurs, pour ma part les deux me convenaient si ce n’est la partie inutile lors de la mort de batty, la fin est totalement en harmonie avec la vision de Scott, pas de happy end, la vie est courte il faut profiter de chaque instant.

A l'aube de ses 30 ans, Blade Runner garde un impact visuel toujours aussi fort et une jeunesse qui semble intemporelle. En conclusion je reprendrais la phrase de Douglas Trumbull: "Ce film est le Casablanca de la science-fiction.

C'est une énorme déception, la remastérisation sur la version SD m'avait laissé un superbe souvenir. Ici on se retrouve avec une copie qui cumule pratiquement tous les défauts. Le plus important concerne la définition, quasiment 1 plan sur 2 manque de précision, cela varie du flou au trouble et chose exceptionnelle même sur le vidéoprojecteur on voit les bruits vidéo. Si le grain est visible et logique, les fourmillements le sont nettement moins et le contraste est parfois à la peine. Seules les plongées extérieures sur le bâtiment de Tyrell sont dignes de ce nom avec une définition excellente et un contraste à la hauteur. Le plus inquiétant est que des sites spécialisés font des louanges sur la définition, il y a de quoi se poser des questions. Pour m'assurer de la véracité de mes propos, je fais un passage obligé sur LCD. Forcément la définition semble un peu plus précise compte tenu de la taille d'écran, mais c'est au détriment des bruits vidéo encore plus visibles et surtout la poussière quasiment omniprésente.
J'avoue que la définition m'a gâché tout plaisir à revoir le film, je disposais de la même version en SD et dont je me suis, hélas... séparé. Il est évident que je déconseille grandement de passer sur cette version Blu-line sous peine de grande désillusion comme ce fut le cas pour moi. Si il n'y avait pas les extérieurs, bizarrement de très grande qualité par rapport à l'ensemble, ma note méritait à peine 1.

Les premiers effets bien marqués avec ces véhiculent qui traversent notre pièce ainsi que les premières notes de musique de Vangelis font tout pour nous rassurer et combler hélas une image qui n'est pas à la hauteur. On note une perte de dynamisme pour le doublage français qui confirme bien le regret de cet achat. Cependant pour palier à ce désagrément, on peut heureusement opter pour une VO true-hd beaucoup plus dynamique et limpide.

Sur le premier Dvd on retrouve 3 commentaires ainsi que l'introduction de Ridley Scott qui est ravi d'avoir pu livré "sa" version, mais le moins que l'on puisse dire est que cela ne se voit pas.
Au risque de me répéter, je confirme l'achat inutile si vous disposez de la version Steelbook en SD, tout simplement parce que le formidable disque Bonus qui lui est consacré est le même.
Le making-of de 3h32 est formidable. Il est incontournable de le visionner, pour comprendre la difficulté de la réalisation du script définitif, des multiples versions proposées mais non retenues, du conflit permanent du réalisateur avec son équipe technique et surtout des producteurs qui ne voyaient là qu'une œuvre destinée a faire de l'argent plutôt qu'à saisir l'œuvre philosophique. Cette atmosphère pesante rejaillit également sur les acteurs où l'on apprend qu'Harrison Ford ne sortait de sa loge que pour tourner. Ne perdons pas de vue qu'à l'époque les effets spéciaux n'étaient pas numériques, et nous avons droit à un descriptif très technique sur les méthodes employées. Le casting n'est pas en reste, les décorateurs, les dessinateurs, les producteurs, chacun apporte une pierre à l'édifice de ce monument qu'est "les coulisses du film" et pour une fois on est loin de la complaisance affichée et souligne combien le projet a été difficile à mettre en place. Un seul petit regret, aucune scène coupée n'est montrée.

Le visuel n’a pas changé et reste identique à la version SD à savoir une affiche moyenne et terne. La sérigraphie n’est pas à la fête, Warner s’efforce comme d’habitude à enlaidir ses images avec d’immondes logos défigurant l’ensemble.

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