Ce n'est pas tout les jours que l'on peut assister à un véritable renouveau dans un genre particulier de cinéma. Ici, il s'agit de cinéma d'action et tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a dans ce domaine un avant et un après DIE HARD. Après des années de règne des sieurs Stallone et Schwarzenegger, nous assistions à la naissance d'un mec on ne peut plus normal. Râleur, grande gueule, terrifié et en colère, il s'agit de John McClane, interprété par la star montante d'alors, Bruce Willis. Ce dernier est à l'époque une grande star de la télé grâce à la série CLAIR DE LUNE. Mais il émane déjà de cet acteur une aura qu'on ne trouve pas si souvent à la télévision ou au cinéma.
A nouvelle tête, nouveau personnage donc. John McClane est un flic de New-York qui débarque à Los Angeles pour Noël afin d'y retrouver son épouse Holly dont il est plus ou moins séparé depuis six mois, cette dernière étant venue faire carrière dans la cité des anges. McClane ne le vit pas très bien d'autant plus que le couple a tout de même deux enfants. Nous sommes donc à la veille de Noël et les retrouvailles ne s'annoncent pas forcément très bien pour le couple. Sauf qu'un mystérieux groupe de terroristes mené par un certain Hans Grüber va faire irruption dans la tour Nakatomi où travaille Holly et la prendre, elle et le personnel en otage. Rien n'a été laissé au hasard, tout a été prévu par cette bande bien organisée. Tout sauf la présence de McClane....
Le héros de ce film, c'est bien entendu John McClane campé par un Bruce Willis en très grande forme. Le pauvre flic pieds-nus et en marcel va faire tourner en bourrique les terroristes qui se sont emparés de l'immeuble dans le but de s'emparer du contenu du coffre de la société. Fusillades au sommet de l'immeuble, combats à mains nus, explosion du toit du gratte-ciel, dynamitage ou encore escalade dans les cages d'ascenseur. Mais McClane va également en voir de toutes les couleurs. Face à lui, Hans Grüber, chef des terroristes interprété par Alan Rickman. Cet acteur britannique très talentueux trouve ce qui est peut-être bien le rôle de sa vie. Grüber est d'une intelligence exceptionnelle qui va de pair avec son sadisme. Tiré à quatre épingles, jovial, Grüber est pur psychopathe qui va trouver en McClane un parfait élément propre à mettre en l'air son plan si soigneusement préparé. Signalons aussi la présence féminine en la personne de Bonnie Bedelia, excellente actrice souvent sous-employée malgré son grand talent (voyez PRESUME INNOCENT pour vous en convaincre).
Mais malgré ses acteurs talentueux, il ne faut pas oublier que l'autre grand personnage à part entière du film, c'est la tour en elle-même. Siège du studio Twentieth Century Fox, l'immeuble sert de décor aux péripéties de McClane. L'architecture du lieu permet des scènes d'actions et de suspense uniques. Cet espace est parfaitement mis en image par Monsieur John McTiernan qui signe ici ce qui pourrait bien être son chef d'oeuvre. Je ne pense pas exagérer en écrivant que ce réalisateur redéfini le cinéma d'action au cours de ces deux heures de métrage. Le décor, les effets visuels et pyrotechniques, le scénario en béton armé mais aussi et surtout les acteurs font de ce PIEGE DE CRISTAL un monument du cinéma tout genres confondus, monument encore aujourd'hui inégalé dans le domaine. Les suites et autres déclinaisons des plus réussis (PIEGE EN HAUTE MER, SPEED...) aux plus anecdotiques (58 MINUTES POUR VIVRE, PASSAGER 57...) n'arriveront jamais à la cheville de ce film qui permit à Bruce Willis d'être consacré définitivement star de cinéma, et à son réalisateur de mettre en scène des films marquants tels que A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE, le mal-aimé LAST ACTION HERO ou le monumental UNE JOURNEE EN ENFER, troisième épisode aussi bon quoique assez différent des aventures de John McClane.
PIEGE DE CRISTAL aura donc droit à une suite-remake intitulé chez nous 58 MINUTES POUR VIVRE, pas forcément mauvaise et plutôt bien concoctée mais sans aucune originalité par rapport à son modèle. Suivront le sublime UNE JOURNEE EN ENFER avec le retour de McT derrière la caméra, et un DIE HARD 4 - RETOUR EN ENFER insipide quoique bourré de scènes d'actions numériques démentielles, conçue pour remettre en selle la carrière de Willis un peu à la dérive....
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