Déjà bien aidé par une mise en scène "coup de poing", ce "Démineurs" va en plus éviter le piège de la critique politique allant dans un sens ou dans l’autre pour se concentrer sur l’action et sur la psychologie de ces experts en déminage que nous suivrons de près pour une série de missions haletantes et chargée en suspense.
Le script va suivre le quotidien d’une équipe de démineurs en poste en Irak, où les missions dangereuses ne manquent pas.
D’entrée le métrage va se placer au cœur de l’action avec ce robot suivi en partie en caméra subjective sur le terrain et guidé par des démineurs soupçonnant la présence d’une bombe cachée, laissant en même temps la réalisatrice plonger le spectateur dans le contexte irakien de manière effective et instantanée, pour une première séquence déjà largement prenante et qui se terminera de manière brutale, laissant alors un sergent, James venir rejoindre l’équipe de démineurs en remplacement de l’un des leurs mort lors de l’opération vue en introduction.
Ce sergent va très vite se mettre à l’honneur lors d’une mission à nouveau tendue et ainsi avancer son caractère casse-cou et insouciant face au danger, au grand dam de ses collègues qui auront du mal à se faire à cet état d’esprit jusqu’auboutiste et également dangereux pour les autres, puisqu’à chaque mission James va briller par sa volonté de terminer le travail en se moquant du danger pourtant bien présent et des risques encourus.
Mais le métrage ne se contentera pas d’aligner des séquences de déminage toutes plus chargées en suspense les unes que les autres pour également aller travailler la psychologie de ce James dont nous découvrirons lors de passages plus calmes une partie des motivations et de son histoire, forgeant ainsi la portrait d’un homme ne vivant finalement que pour ses actes héroïques et délaissant sa vie "normale" en Amérique au point de ne plus pouvoir y retourner comme le final quelque part amer nous le démontrera, ce qui viendra en contre-point des sentiments et envies des autres protagonistes dégoûtés par les atrocités de cette guerre irakienne qui sera évoquée sans fioriture dans toute son horreur.
En effet, l’intrigue ne nous ménagera aucun répit et se montrera même fortement cruelle (la bombe humaine ou encore l’utilisation d’un cadavre d’enfant pour dissimuler des explosifs), mais hélas cela se fera de manière quand même souvent prévisible pour de fait désamorcer une bonne partie des effets de surprise voulus par le métrage.
L’intrigue va néanmoins comporter largement son lot de temps forts, avec même une embuscade en plein désert qui vaudra son pesant d’émotions et de tension, tandis que les explosions, traitées sur un ton le plus réaliste possible, auront à chaque fois un impact évident sur le spectateur en ayant une ampleur jamais démentie.
Les personnages seront donc bien travaillés pour apporter chacun leur pierre à l’édifice et mettre en avant des personnalités et des réactions bien différentes face aux atrocités avancées, et l’interprétation suivra largement, dominée par un Jeremy Renner idéal pour camper ce James obsédé par son action sur le terrain, mais pour autant pas indifférent au sort de certains, comme ce gamin qu’il aura pris en amitié. La mise en scène de Kathryn Bigelow est furieusement efficace pour souvent opter pour un ton proche du documentaire qui ne fera que renforcer l’implication du spectateur dans l’action, et alors que les effets spéciaux liés aux explosions seront largement réalistes, sans en faire de trop.
Donc, ce "Démineurs" sera une belle réussite dans son genre en prenant place dans un contexte tendu mais sans chercher à moraliser ce conflit ou à donner son avis pour se "contenter" d’avancer les faits de manière crue et sans fard avec une action blindée d’un suspense efficace !
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