Avec 2 francs 6 sous, Gareth Edwards coiffe la casquette de pas mal de poste techniques pour mener à bien sa première entreprise cinématographique.
Si on perçoit bien l'empreinte de films comme District 9, cloverfield et même la guerre des mondes, Monsters avec son statut de film officiellement fauché, a bien l'intention de trouver sa propre voie.
Sur des premières images à peine perceptibles et qui semblent presque anodines, nous faisons de la plus brutale des manières la rencontre avec ces "monstres". Entre les bruits et coups de feu, on discerne à peine les cris, notre attention se portant logiquement sur ces pieuvres géantes. Le montage volontairement haché nous propulse brusquement en lumière de jour où nous découvrons notre future couple vedette. Le journaliste a pour mission de ramener la fille du patron saine et sauve après l'attaque de son hôtel, bon gré mal gré il prend cette mission de baby setting à contre cœur et doit trouver un moyen de rallier les Etats-Unis.
Des survols d'avion de combat, des explosions lointaines, des flash infos sur ce conflit d’extra-terrestres qui n'intéressent plus personne, le réalisateur impose par petite touche une ambiance discrète mais malgré tout oppressante. L’ennemi si grand soit-il ne se manifeste que par ses cris restant toujours caché, ce périple sur fond de road movie se referme au fur et à mesure que le film avance sur ce couple décidemment bien mal dans sa peau.
Les amateurs d’indépendance Day risquent de trouver le temps très long, pas d’explosions atomiques ni d’héroïsme suranné, les agresseurs ne sont peut-être pas ceux que l’on pense.
Derrière une vague dénonciation de la guerre en Irak et de la politique menée par les USA au Mexique, Gareth Edwards se contente de montrer notre peur viscérale de la différence et bien sur nos eternels doutes. Les vicissitudes et l’urgence à vivre nous font parfois passer à côté de belles choses, cette fusion tentaculaire d’une poésie foudroyante prend de sacrés raccourcis pour nous montrer la voie.
Whitney Abble et Scoot McNairy sont impeccables, portant sur les épaules le seul fardeau technique que le réalisateur ne pouvait endosser faute de bras.
Si le scénario révèle quelques petites incohérences, imperfections et un manque d‘action vu le budget, Monsters n’en demeure pas moins une première œuvre pétrie de talent et requiert à ce titre une certaine attention.
Encore une fois, après un passage éclair sur les écrans, la vidéo permet une seconde vie dont il serait dommage de se passer.
|