Blade Runner est un polar futuriste visuellement envoutant, voir hypnotique, porté par des acteurs habités par leur personnage, tels Harrison Ford ou Rutger Hauer.
Un monument de la science fiction qui frappe en premier lieu par son ambiance. Le spectateur est littéralement happé par l’atmosphère de cette mégalopole noyée dans le brouillard perpétuel généré par les flammes des cheminées industrielles, par cette Jungle urbaine battue par la pluie, faite d’acier, de verre et d’écrans publicitaires, par l’ esthétique rétro-futuriste, proche du style art déco et par la musique mélancolique de Vangelis qui colle parfaitement au rythme lancinant du film.
Dans la décadence de ce Los Angeles du XXIème siècle, se reflète celle de l’homme, désenchanté, qui survit plus qu’il ne vit dans cette atmosphère déprimante et étouffante. Il est en quelque sorte « déshumanisé » par son environnement, asphyxié par la pollution qu’il a crée et assommé par les panneaux publicitaires qui envahissent tout son univers.
D’une part, cette humanité sur le déclin et d’autre part, les réplicants, ces androïdes « esclaves » fugitifs qui cherchent par tous les moyens, même les plus extrêmes, à accroitre leur espérance de vie. Face au désarroi et à la perfection fragile et angélique de Rachael, face au magnifique discours de Batty, face à l’ambiguïté de la « nature » de Deckard, on en vient à ressentir une véritable empathie pour ces êtres éphémères, aux souvenirs factices, à la vie incandescente, qui sont pourtant pour la plupart violents et sanguinaires.
Et là, comme Deckard, on s’interroge inévitablement sur la nature de l’humanité ? Est-ce une question de génétique ? De sens moral ? De mémoires et de sentiments ?
La volonté désespérée de vivre et la peur de la mort, deux émotions intensément humaines qui touchent les réplicants. Bug de conception ou début d’une conscience d’exister, de vouloir partager des souvenirs et de vivre qui les rends plus humains que les fantômes d’êtres humains qui peuplent une Terre à l’agonie.
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