Le premier long métrage de Jiri Menzel, en dépit de la minceur de son sujet, peut être considéré comme une réussite éblouissante. Le fragile et touchant héros de cette histoire est un jeune employé de gare qui se ronge de ne pouvoir affirmer sa flamme aux demoisselles, parce qu'il souffre d'"ejaculatio precox"; à la fin il retrouve sa virilité et meurt en déposant une bombe dans un train de munitions allemand. La rupture de ton entre la truculence du début et le drame final disparaît si l'on admet que ce film, sous les dehors d'une comédie est un drame, le drame d'un adolescent qui veut devenir un homme. Jusqu'au dernier quart d'heure, Menzel s'en donne à coeur joie et nous fait rire, d'un rire qui n'est jamais vulgaire car, même en utilisant les ressources de la traditionnelle truculence tchèque, il sait toujours s'arrêter à temps et se borne le plus souvent à des détails à la fois pleins de drôlerie et de finesse. Bref, il ne faut pas manquer ce petit chef d'oeuvre.
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