Il n'y a rien dans ce thriller sec et concis sur les convoyeurs de fonds qui ne contienne en soi, tapie dans l'ombre, sa part de violence. L'intrigue est à peine esquissée que déjà la tension s'installe. Le blindage des camions appelle la destruction barbare;l'enfermement auquel sont réduits les convoyeurs, l'impuissance;les fusils qu'ils portent, l'assassinat; les millions qu'ils acheminent pour un salaire de misère, la trahison. Exploitant toutes les ressources offertes par son sujet, Boukhrief parvient à s'emparer de l'angoisse essentielle qu'il recèle. Son film exhale une ambiance de fin du monde : la menace est à chaque coin de rue et derrière chaque visage. Les acteurs sont d'une sobriété exemplaire. Berléand est bestial, Dujardin affable et Dupontel un bloc de granit que seules viennent contrarier d'épisodiques crises d'épilepsie. C'est qu'il cache un lourd secret. Qui est-il? d'où vient-il? qu'est-il venu chercher? Le Convoyeur a la brutalité et la modestie d'un bon film de série. Quand la violence explose, elle tourne aussitôt au chaos, et lorsque l'action vient à se cristalliser sur une image, comme dans les derniers plans du film, celle-ci est si saugrenue qu'elle en devient poétique.
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