Dans un hospice pour vieux acteurs arrive Ugo, comique de variétés raté et fauché. Le ronchon qui dirige la maison le colle à la chambre 17, libérée par la mort récente de son occupant. Quand Ugo, superstitieux comme tous les acteurs, va entrer dans la chambre dont il a retourné le numéro, il voit sur le lit le cadavre de son prédécesseur, encore entouré de cierges allumés ! Ce n'est qu'une plaisanterie des autres pensionnaires, et c'est aussi la clef de l'humour macabre de tout le film. Primo amore est une comédie qui effleure toujours le drame et plaisante avec la mort. Le "premier amour", titre original du film de Risi, c'est l'engouement d'abord érotique du protagoniste pour une gracieuse fille de cuisine. Mais c'est aussi le véritable premier amour de Ugo pour le défunt théâtre de variétés. Il n'est que trop évident que ce double amour se résoudra en un double échec, avec le retour définitif d'Ugo à l'hospice. Primo amore se compose de deux parties bien distinctes : dans la première, le monde clos, autonome de l'hospice de vieillards, une atmosphère de gloires déchues, de souvenirs embellis, de grisailles mal cachées ; dans la seconde, le monde des parvenus romains, des hôtels à cent mille lires la nuit, des TV privées. La métamorphose physique des deux personnages montre bien l'angoisse de s'adapter à la réalité : lui se noircit cheveux et moustaches, s'habille "en riche", elle adopte les vêtements raffinés et les coiffures de "soubrette". Nous n'en arrivons pas au désespoir qui concluait Parfum de femme mais à une résignation paisible qui accepte ses défaillances. Et ici la "monstruosité" n'est autre que l'âge, la décadence physique. Ce qui rend Primo amore un des plus réussis parmi les films de Dino Risi, c'est la constante invention visuelle, les gags, les trouvailles sardoniques. Ajoutons qu'il est magnifiquement servi par Ugo Tognazzi, Ornella Muti et une pléïade d'acteurs de seconds rôles tous excellents.
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