Lynch nous propose une éblouissante variation sur les faux-semblants dans la lignée de Twin Peaks, Fire walk with me et Lost highway, mais avec un récit plus linéaire, ce qui rend d'autant plus vertigineuse la dislocation spatio-temporelle de la dernière partie. Au départ donc, une satyre hollywoodienne, à partir d'archétypes convenus : la starlette qui débarque et dont le test fait sensation, les vilains prodcteurs qui contrôlent le studio, le jeune metteur en scène prétentieux et le vieux ringard etc... Lynch y mêle une fausse intrigue policière, avec femme fatale amnésique et mystérieux butin. Bientôt, entre la starlette et la femme fatale, le désir se transforme en liaison factice, et la résolution de l'énigme passe par la fusion de leurs deux inconscients. Lynch nimbe de séduction et d'angoisse le moindre de ses travellings, pratique avec virtuosité l'alliage du comique et de la terreur (le vieux couple hilare de l'aéroport), multiplie les clins d'oeil cinéphiliques (Ann Miller, l'ancienne danseuse de la MGM, en logeuse affable) et s'amuse à nous plonger dans un abîme de perplexité. La photo de Deming et la partition de Badalamenti ajoutent à notre jubilation.
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