Le film de Jaime Rosales est d'une énorme ambition formelle. Si le cinéaste espagnol traite bien sûr de notre immense difficulté à communiquer, de notre isolement et du fait que, même entourés, nous demeurons seuls, son propos est beaucoup moins simpliste qu'il n'y paraît. Autour de ce thème de l'impossibilité du vivre ensemble, se développe une impressionnante série de situations les plus diverses : l'opposition entre ville et campagne, les aspirations professionnelles, la question de l'instinct maternel, la jalousie dans une fratrie, le rapport à la maladie... S'il est malaisé de résumer le film, au moins peut-on indiquer qu'il a pour cadre principal une famille, et qu'à travers elle est donnée à voir l'Espagne d'aujourd'hui. Point de bascule, l'épisode de l'attentat vaut surtout par ce qu'il révèle de la manière dont Rosales appréhende le temps. L'évènement pour lui, c'est-à-dire l'inattendu, s'insère dans la banalité du quotidien pour disparaître aussitôt. La Soledad a de quoi déconcerter, voire déplaire. Pourtant la virtuosité du cinéaste ne fonctionne jamais à vide.
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