Tourné en Mongolie intérieure, le film mêle habilement une fiction et des éléments documentaires qui évoquent un mode de vie en voie de disparition. Tuya, une femme jeune et belle, s'occupe de son mari infirme, de leurs enfants et du troupeau de moutons qui constitue la seule ressource de la famille. La coutume veut qu'elle divorce et se remarie, mais Tuya exige que son nouvel époux accepte de garder le vieux mari au foyer. Sur les steppes balayées par le vent et la neige, les chameaux voisinent avec les motos et les camions, les costumes éclatants et les chants mongols s'opposent à la bureaucratie chinoise, les bergers victimes de la sécheressse s'éreintent à creuser un puits tandis que les nouveaux riches préfèrent forer à la recherche de pétrole et vivre à l'américaine. Si la vie moderne est laide et corrompue, la vie pastorale n'a rien d'idyllique, et la structure en flash-back du récit, qui s'ouvre et se clôt sur l'image de deux enfants qui se battent, laisse peu de place à l'optimisme. Le chinois Wang Quanan réalisait après ce film le très beau "La Tisseuse".
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