Malgré ses allures de "slasher" basique, ce "Sulfures", anglais de son état et premier long métrage de son réalisateur, , va développer une intrigue bien plus maligne que prévue, surprenante et donc imprévisible, tout en se montrant bien graphique lorsqu'il le faudra.
Le script va laisser deux couples partir en week-end à la campagne, où il leur faudra affronter un tueur en série, mais aussi de sombres et macabres secrets.
Après une séquence introductive bien saignante destinée à mettre le spectateur en "appétit", et le faisant avec succès, le métrage va se lancer dans une présentation de personnages classiques, avec ce couple sans histoire formé par Paige et son petit ami Calvin, s'apprêtant à emmener la sœur de Calvin, Mandy en week-end. Mais cette Mandy, délurée et volage, souhaitera voir se joindre à eux sa conquête de la veille, l'étrange, froid et distant Tristan. Ces protagonistes seront mis en avant rapidement, sans que le réalisateur ne s'attarde outre mesure sur chacun d'entre eux, pour au contraire sonner le départ de ce week-end campagnard.
L'intrigue ne versera au début pas franchement dans l'originalité, avec cet auto-stoppeur hirsute qu'ils ne prendront pas mais surtout avec cette rencontre fortuite en forêt guère encourageante pour la traditionnelle mise en garde de la part d'une jeune tsigane qui ne semblera pas apprécier ce qu'elle lira dans les lignes de la main de Tristan, tandis qu'à peine arrivés à leur gîte, le policier local viendra les mettre en garde contre la présence d'un tueur en série, le "Chirurgien des forêts" sévissant dans la région, illustrant ses propos en leur racontant la découverte du dernier cadavre en date, ce qui nous vaudra un petit flash-back maniant aussi bien l'humour noir que le gore.
Le film ne va alors pas traîner pour faire monter la tension, dispersant dans les bois ses personnages et mettant en évidence la présence de ce tueur rôdant non loin de là, et ce jusqu'à l'arrivée de Shawn, l’auto-stoppeur aperçu auparavant, qui, blessé, viendra trouver refuge chez Paige et le petit groupe, une aubaine puisque Paige, en tant qu'infirmière, pourra lui donner les premiers soins et recoudre sa vilaine blessure à la jambe, le tout sans avoir à appeler les secours, petit incohérence pardonnable pour la suite de l'histoire. Le caractère détaché et hautain de Tristan sera alors bien mis en avant puisqu'il refusera d'aider les autres à s'occuper du malheureux Shawn.
La suite se montrera bien plus originale pour laisser le doute planer sur la véritable personnalité de ce Tristan décidément bien spécial et dangereux, mais aussi sur celle de Shawn, trop "propre" sur lui dans ses explications allant à l'encontre de son accoutrement, pour ainsi entraîner des rebondissements et retournements de situations se montrant régulièrement sanglants, violents et même un brin sadique avec ce mode opératoire du "chirurgien de forêts" consistant à ficeler ses victimes à des arbres et si possible en les découpant en morceaux, ce qui le métrage nous montrera sans fard, tandis qu'il aura de la concurrence sur place puisqu'un autre personnage cachera bien son jeu, mais dans un genre bien plus policé et méthodique.
Cette seconde partie sera donc étonnante, virulente jusque dans son final nihiliste en diable pour avancer des situations méchantes, lorgnant même dans son dernier acte vers le "survival" pur et dur, et ce même s la justification du "chirurgien des forêts" pour expliquer ses méfaits demeurera quelque peu fumeuse, mais là aussi le réalisateur aura la bonne idée de ne pas s'y attarder trop longtemps pour laisser l'action reprendre rapidement ses droits. L'aspect graphique sera effectif, répercuté par des mises à mort et autres coups portés de manière visuelle et sanglante, devenant même glauque par instants (les asticots, par exemple).
L'interprétation est cohérente, sans surjouage mais sans réel charisme à l'écran, mise à part la prestation d'un Gordon Alexander excellent de froidure et de mystère dans le rôle de Tristan, volant ainsi aisément la vedette aux autres interprètes. La mise en scène du jeune réalisateur Kelly Smith est plutôt efficace, usant de ses effets avec justesse, comme pour nous servir cette caméra subjective sporadiquement et avec efficience, et tandis que la violence sera ici frontale, portée par des effets gores réalistes et graphiques.
Donc, ce "Sulfures" arrivera sans mal à se démarquer du commun du "slasher" avec son intrigue riche et plein de surprises mais qui n'oubliera pas pour autant d'être sanglante et violente, pour la plus grande satisfaction de l'amateur du genre !
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