Avec Un coeur pris au piège, l'un des réalisateurs de comédie américaine les moins en France, Preston Sturges, réalise une comédie très raffinée qui joue tout à la fois sur le comique burlesque des situations que sur des dialogues incisifs. Ici, le pitch de base est assez simple : Charles Pike, un chasseur de serpents, fils d'une riche famille américaine, rencontre sur le bateau qui le ramène à New York Jean Harrington, une femme bien décidée à épouser un riche mari. Interprété par la très belle Barbara Stanwyck, Jean Harrington a tout de la femme fatale. A l'opposé, Charles Pike (interprété par un jeune Henri Fonda, à contre-emploi) se montre relativement niais et complètement sous le charme de la belle. Il a beau être le chasseur de serpents, c'est elle qui réussit à le prendre dans ses filets. La première partie du film se déroule sur le bateau où Jean Harrington, épaulée par son père, arnaque le jeune Charles Pike aux cartes. La belle tombe pourtant amoureuse de Charles mais celui-ci apprend qu'il est victime d'escrocs. Vient alors la seconde partie du film. Jean Harrington se rend dans la demeure des Pike en se faisant passer pour une riche bourgeoise. Charles Pike, qui ne reconnaît pas Jean Harrington (la magie du cinéma en somme car Barbara Stanwyck n'a pas spécialement changé !), tombe sous le charme à nouveau et l'épouse. Finalement, la belle fait comprendre qui elle est à son époux, lequel n'avait pas compris qu'il s'agissait de la même personne. Doté d'un solide scénario, de dialogues savoureux (dont les connotations sexuelles sont on ne peut plus claires), d'acteurs très bons, de gags très drôles, Un coeur à prendre est une belle réflexion sur les relations homme-femme et une savoureuse comédie.
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