Le film part d'un fait divers réel. Un bellâtre sans scrupules pratique l'escroquerie aux annonces matrimoniales, dévalisant ses pitoyables proies, quinquagénaires sur le retour ou nymphomanes à l'affût de beau mâle, après un simulacre d'épousailles. Il est bientôt aidé par une ex-victime complaisante, fille de cent vingt kilos éperdument éprise de lui, qui se fait passer pour sa soeur affectionnée. De déchéance en déchéance, ils en viennent au meurtre crapuleux, éprouvant une volupté morbide à s'étreindre sur le théâtre même de leurs exploits. Le réalisateut Kastle ne nous apitoie à aucun moment sur son couple d'amants maudits mais il accable pareillement leurs dupes, soumettant les uns et les autres au même éclairage glacial. Ces vieilles bigotes couvant leur fric, ces mamies sourdement réactionnaires, ces monstres femelles végétant au fin fond des provinces américaines sont à ce point fustigées que l'on en vient parfois à prendre le parti de leurs bourreaux. Mais celà ne dure guère, et un tour d'écrou supplémentaire étant donné dans le sinistre engrenage, c'est l'horreur qui reprend le dessus. Jouant ainsi constamment sur le décalage entre la neutralité policière du document et la charge satirique, Kastle nous impose un régime de douche écossaise qui glace le spectateur le plus blasé. Deux séquences sont particulièrement remarquables : la tentative de noyade d'une intensité poignante et la lettre lue au dernier plan. Il est à noter que ce même fait divers a fait l'objet de deux autres adaptations cinématographiques, "Carmin profond" et "Coeurs perdus".
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