Après la très belle réussite qu'est "Calvaire", Fabrice Du Welz était attendu au tournant. Le réalisateur signe ici son deuxième long-métrage, une œuvre à la fois belle, troublante et terrifiante. "Vinyan" débute par une scène hallucinante, à la fois suffocante et horrible où l'on devine une personne sous l'eau prisonnière d'un Tsunami. Le réalisateur installe ainsi une tension dès le début de son film. L'histoire prend place ensuite en Thaïlande où un couple occidental, ayant perdu leur fils lors du Tsunami de 2005 six mois plus tôt, décide de partir à sa recherche en Birmanie après qu'ils pensent l'avoir reconnu sur une vidéo. Les images de la Thaïlande et de la Birmanie sont absolument splendides, le directeur de la photographie et chef opérateur Benoît Debie (Il a déjà travaillé sur "Calvaire", "Irréversible" ou encore "Innocence") ayant accompli un travail remarquable. Le réalisateur nous fait découvrir la Thaïlande et la Birmanie sous un angle jamais rassurant, nous baladant dans les gogo-bars et bordels de Bangkok, dans des lieux assez glauques où les personnes croisées semblent toutes plus louches les unes que les autres, dans la jungle birmane, le tout dans un environnement humide, sale et brumeux. Le film se fait de plus en plus inquiétant, avec une violence ponctuelle, mais bien rendue, avant de basculer dans le fantastique et l'horreur à la fin de celui-ci. La musique de "Vinyan" est très réussie, jouant un rôle important dans l'ambiance oppressante du film. La réalisation est très soignée, avec notamment des scènes vertigineuses comme celle du cauchemar de Jeanne ou encore celle de l'arrivée dans le bâtiment rouge perdu au milieu de la jungle où nous avons le droit à un splendide plan-séquence. L'interprétation est vraiment convaincante, notamment Emmanuelle Béart, habitée par son rôle ou Rufus Sewell en mari beaucoup plus objectif et réaliste que sa femme mais qui ne veut pas briser son dernier espoir. Le reste du casting est également très bon, en particulier Julie Dreyfus (troublante), Petch Osathanugrah (inquiétant) et Joey Boy. Les décors crées par Arin Pinijvararak pour "Vinyan" sont splendides et apportent un plus dans la crédibilité du film. La fin est véritablement troublante et d'une grande beauté.
"Vinyan" semble être le genre de films que l'on adore ou qu'on déteste... Personnellement j'ai été transporté par ce splendide cauchemar.
|