Baboussia, la tête couverte d'un carré de laine blanc cassé, décoré de roses pivoines, n'est autre qu'une icône populaire. Le corps dodu de cette mère minuscule au visage rond, au regard tranquille, aux pommettes rouges et au teint lisse, est celui de la poupée russe vendue dans le monde entier. Réincarnation de La mère de Poudovkine, avatar humble de la Mater dolorosa, Baboussia est devenue pour ses proches une pathétique persona non grata. Ce film est un portrait de femmes et de vieillesse, russes, universelles et contemporaines, interprété à merveille par des professionnels et des amateurs de la région d'Arkhangelsk. Baboussia est un conte de fées à rebours et fait penser à Place aux jeunes de Mc Carey, réalisé deux générations auparavant. Chez l'américain comme chez le russe, chacun trouve un argument pour défendre son ingratitude grossière. Ce film est un beau plaidoyer pour la juste place qui devrait être réservée aux "anciens".
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