Ulu Grosbard est un cinéaste américain rare et mésestimé, auteur d’œuvres aussi indispensables que Le récidiviste avec Dustin Hoffman ou encore le superbe Georgia avec Jennifer Jason Leigh.
Réalisé en 1981, Sanglantes confessions est un de ses films les plus réussis. Polar noir et radical, le film confronte deux frères : Desmond (interprété par un très sobre Robert De Niro), prêtre et Tommy (un Robert Duvall parfait, comme toujours), flic, dans un drame humain d’une grande intensité mettant en contradiction la conception de la vie des deux hommes, dans une société frustrée où même le catholicisme s’achète.
Grosbard n’y va pas avec le dos de la cuillère et dénonce avec virulence l’ambiguïté des hommes de foi, obligés de négocier comme des hommes d’affaires pour l’achat de terrains pour que la religion puisse s’étendre.
Sanglantes confessions est un constat cinglant de l’hypocrisie des Etats-Unis, où les hommes se réfugient dans la foi pour se donner bonne conscience mais qui sont les victimes consentantes d’un capitalisme marchand qui ne cesse de gagner du terrain, à l’instar de l’odieux personnage interprété par Charles Durning.
Entre foi, sexualité déviante qu’on exerce comme des coupables dans les bas-fonds de la ville et religion purement commerciale, Sanglantes confessions fait le portrait peu reluisant d’une Amérique gangrenée par la frustration sexuelle et l’argent.
Par ailleurs, le film s’intéresse particulièrement à Desmond et Tommy, deux frères que tout oppose mais qui finalement se ressemblent et qui vivent chacun deux chemins de croix qui finissent par se rejoindre dans une ultime scène magnifique de réconciliation. Entre un Tommy corrompu qui retrouve le goût de la justice et un Desmond qui retrouve la foi véritable, chacun d’eux a une prise de conscience qui le mènera vers la paix intérieure.
Au final, Grosbard met en scène un passionnant polar, non dénué de suspense, qui est aussi une critique acerbe des Etats-Unis tenaillés entre foi de pacotille et commerce marchand.
|