Petit film indépendant réalisé par Paul Tarantino (rien à voir avec Quentin), ce "Chasseur de têtes" ne va pas trop oser se prendre au sérieux pour avancer son intrigue surnaturelle classique mais délivrant un certain humour en caricaturant les "golden boys" américains, tout en souffrant hélas quand même d'une interprétation limitée.
Le script va laisser un jeune agent d'assurances désireux de gagner plus accepter l'offre d'une chasseuse de têtes d'intégrer l'équipe de nuit d'une société dans un immeuble qui va rapidement paraître étrange au nouveau venu, voir même hanté.
Après une séquence d'introduction prometteuse avec cette jeune femme enceinte qui sera décapitée par l'homme l'accompagnant après une brève course-poursuite, le métrage va nous présenter son personnage principal, Ben Caruso, un jeune agent d'assurances rendant visite à Doug Bennet, un de ses clients pour au cours de la conversation être amené à dire qu'il veut changer de boulot afin de gagner plus, Bennet va alors lui confier l'adresse d'une chasseuse de têtes, Sarah Tierney, tout en lui offrant un étrange porte-clés censé porter bonheur et en invitant Ben à aller le soir même rencontrer Sarah.
Ben ira donc au bureau de Sarah, pénétrant dans l'immeuble malgré les avertissements d'un clochard, et découvrira en Sarah une ravissante jeune femme qui ne va pas lui cacher qu'elle a déjà peut-être quelque chose pour lui, chose qui sera confirmée peu après par un appel téléphonique alors que Ben se trouvera chez lui en compagnie de sa petite amie Donna. Ben acceptera l'offre de Sarah très (trop ?) facilement et se tiendra prêt à embaucher le lendemain soir. Cette présentation des personnages principaux sera assez efficace pour rendre ce Ben presque sympathique malgré ses choix hasardeux et rapides, tandis que Sarah dégagera un sex-appeal fort et envoûtant.
Mais dès la première nuit dans son nouveau poste, Ben va commencer à déchanter. En effet, l'immeuble dans lequel il va travailler sera quasiment vide, mis à part ces ombres aperçues et cette voix hostile grésillant dans un interphone et même alors que le lendemain Ben sera retourné au bureau de Sarah pour tomber sur un cabinet de comptables n'ayant jamais entendu parler de Sarah, il retournera travailler le lendemain pour ne pas tarder à voir apparaître Sarah qui va chercher du réconfort auprès de Ben pour finalement coucher avec lui au cours d'une séquence porteuse d'un érotisme presque osé.
La suite ne tardera pas à mettre à jour le twist anticipé par le spectateur pour alors lancer un ultimatum à Ben qui va devoir se plonger dans cette affaire criminelle vieille de dix ans et retrouver la tête de la malheureuse Sarah, fantôme obligé d'errer entre deux mondes jusqu'à ce que sa tête soit retrouvée. La séquence d'introduction ayant déjà défloré ce twist qui n'en sera donc pas vraiment un, le métrage va pouvoir essayer de se jouer du spectateur pour se permettre de délivrer un dernier acte dérivant quelque peu hors des sentiers battus et en tous cas s'éloignant de la trame prévue, et ce malgré une certaine facilité ambiante.
Le réalisateur va s'amuser avec l'univers de cet immeuble de bureaux pour le moins étrange avec ce vide sidéral entourant Ben lors de ses arrivées nocturnes uniquement ponctuées par la présence de cet homme lui tournant invariablement le dos dans l'ascenseur ou encore cet homme de ménage disparaissant au coin d'un couloir, tandis que ses "collègues" sembleront vouloir lui jouer des farces et l'effrayer au lieu de l'intégrer, pour le laisser peu à peu découvrir une vérité surnaturelle guère engageante. Mais ce ne sera pas la seule façon utilisée par l'auteur pour se gausser en arrière-plan de l'arrivisme de son personnage principal puis que tout dans sa façon d'agir précipitée aura de quoi stigmatiser un certain comportement guidée par l'argent.
Par contre, l'aspect surnaturel du métrage restera en majeure partie assez classique et jamais effrayant avec ces spectres aux maquillages très limités et il faudra compter sur quelques apparitions-chocs pour espérer trouver un élan graphique qui viendra aussi se montrer par quelques plans gores volontaires mais sans jamais verser dans l'excès ou la démesure sanglante, ce qui n'empêchera pas certaines séquences d'être baignées d'une ambiance macabre avérée comme ces passages dans ce cimetière noyé dans la brume ou encore lors de ce final sataniste, mais là encore, le manque de budget se fera cruellement sentir au niveau d'effets spéciaux mitigés.
Les personnages seront donc assez bien travaillés pour garantir cette critique sous-jacente, mais l'interprétation ne suivra pas toujours, avec par exemple un Ben John Parillo guère inspiré pour jouer Ben, et ainsi seule la belle Kristi Clainos tirera son épingle du jeu grâce à son charme naturel bien mis en avant par l'auteur. La mise en scène du réalisateur est assez classique et peinera parfois à donner du rythme à l'ensemble, notamment lors de séquences de dialogues mollassonnes. Les effets spéciaux sont donc partagés, avec ces masques spectraux presque risibles qui seront compensés en partie par des plans sanglants plus graphiques.
Donc, ce "Chasseur de têtes" devrait avoir de quoi distraire son spectateur et l'amuser, mais ne pourra raisonnablement pas pouvoir espérer l'effrayer !
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