Inspiré d'un fait réel ayant défrayé la chronique en 2001, ce "Confession d'un cannibale" ne va pas céder à la facilité du gore gratuit (et ce malgré la présence du réalisateur de "La colline a des yeux 2", Martin Weisz derrière la caméra) pour au contraire chercher à comprendre ce fait divers sordide dans une atmosphère étouffante et glauque.
Le script va suivre les investigations d'une étudiante préparant une thèse sur une affaire criminelle hors du commun, puisque qu'un homme en avait mangé un autre, consentant, après s'être rencontrés via internet.
Le métrage va commencer par nous présenter Katie, cette étudiante américaine délocalisée en Allemagne pour ses études et qui mettra d'entrée en avant son mal-être par un petit discours en voix-off avant de lancer l'intrigue avec sa découverte de de fait divers peu banal de cannibalisme infâme et stupéfiant puisque qu'un homme, Oliver Hartwin aura mangé un de ses compatriotes, Simon, désireux de se faire couper le pénis et d'être mangé.
La première parie de l'intrigue va osciller entre le présent avec les recherches de Katie et des flash-backs qui vont commencer par revenir rapidement sur le passé de la "victime", ce Simon complètement perturbé par le suicide de sa mère et ne tardant pas à développer une homosexualité presque assumée, tandis que de son côté le jeune Oliver sera brimé par ses camarades de classe et vivra entièrement sous l'emprise de sa mère. Ce qui frappera le plus dans cette entame du métrage sera la maîtrise de l'image par Martin Weisz qui va réussir à organiser ces aller-retours entre le présent et le passé de manière efficiente et impliquante, notamment en emmenant Katie sur les lieux choisis pour retracer le passé des deux acteurs de cette sordide histoire.
L'intrigue va beaucoup plus s'intéresser à la personnalité d'Oliver Hartwin, toujours sus la coupe de sa mère même une fois adulte, ce qui expliquera son désarroi et son basculement dans une sorte de folie réfléchie à la mort de celle-ci (qui achèvera une séquence bien emballée et stressante), et ce même si on pourra reprocher au réalisateur de passer rapidement sur la déchéance de cet homme et de cette solitude qui va l'amener à songer au cannibalisme sans autre explication, tandis que Simon, lui, rêvera déjà de se faire castrer.
Le métrage appâtera son spectateur avec l'existence d'une cassette vidéo tournée par Oliver et montrant son acte cannibale, cassette que va évidemment chercher Katie alors que les flash-backs commenceront à voir Oliver se rendre sur un forum sur le cannibalisme dans une quête de victime consentante (pour une première rencontre avorté avec un quidam qui renoncera au dernier moment à mourir) pour enfin croiser la route de Simon, lançant ainsi un dernier acte qui bien entendu se clôturera par l'abomination complice vécue par les deux hommes et vue par Katie qui trouvera bien facilement cette vidéo supposée n'avoir été vu que par la police et les psychiatres. Mais contrairement à ce que l'on pouvait attendre, le réalisateur ne va pas verser dans le gore pour ce final, esquivant quasiment tout plan sanglant pour au contraire préférer continuer à imprimer cette atmosphère glauque et malsaine dans cette relation plus qu'étrange entre les deux hommes et dans ces décors lugubres au possible.
La présence de cette étudiante au sein de l'intrigue pourra déplaire puisqu'elle occultera régulièrement l'histoire d'Oliver et de Simon, mais cela permettra au réalisateur e donner un véritable style de mise en scène à l'ensemble, tout en apportant une certaine morale puisque la quête de Katie, virant à l'obsession, se retournera contre elle lorsqu'elle se frottera de trop près au Mal, la déstabilisant complètement quand elle visionnera cette fameuse cassette vidéo. Et même si certaines ellipses laisseront des questions sans réponse de manière quand même flagrantes sur les motivations de chacun des deux protagonistes et ce qui les a poussé à aller jusqu'à de telles extrêmes, le métrage sera instructif et glaçant face à une histoire si effroyable et traitée ici sans voyeurisme gore gratuit.
L'interprétation est convaincante, portée par un Thomas Kretschmann crédible dans le rôle du cannibale en puissance et la mise en scène de Martin Weisz donnera de l'ampleur et sera parfaitement adaptée au déroulement choisie pour l’intrigue avec des raccords idéaux entre passé et présent.
Donc, ce "Confession d'un cannibale" sera une œuvre glauque et sordide, peut-être légèrement trop superficielle pour aborder son sujet mais en tout cas malsaine et bien maîtrisée !
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