Pour leur premier long-métrage, Hélène Cattet et Bruno Forzani continuent sur leur lancée entamée via différents courts-métrages, en nous offrant un étrange mélange de film expérimental et de giallo.
"Amer" n'est pas un film facile d'accès et il est préférable de bien connaître les codes de ce genre bien particulier, né en Italie dans les années 60, pour appréhender correctement le film.
L'histoire se décompose en trois parties, montrant les peurs, les désirs intimes et la découverte du corps d'Ana à trois périodes de sa vie. Dès la première partie, qui se déroule durant son enfance, les metteurs en scène utilisent de nombreux éléments tirés de l'univers des gialli, alors que le sujet n'est a priori pas un thème giallesque. Ils utiliseront d'ailleurs tout au long du film des musiques tirées de divers gialli, avec des bandes-son signées entre autres par Ennio Morricone, Bruno Nicolai et Stelvio Cipriani. Des musiques absolument splendides jouant un rôle essentiel dans le film. Ils utiliseront également divers autres éléments utilisés dans ce style de films comme les armes blanches, les gants noirs, un tueur masqué ou encore le voyeurisme, le tout tinté d'érotisme avec des cadrages et un découpage comme on peut en trouver dans divers films du genre. Au niveau de la thématique, seule la dernière partie, celle se passant à l’âge adulte, se rapprochera vraiment des thèmes courants que l'on peut voir dans ces thrillers italiens. Ce qui fait que le film risque fort de déstabiliser certains amateurs, alors que d'autres, comme moi-même, seront à coup sûr complètement fascinés.
Sans être un vrai giallo, "Amer" lui rend un vibrant hommage. C'est une œuvre sensuelle et fascinante, un film à part qui mérite d'être découvert. Alors comme dirait François Cognard (producteur notamment du film), enter into the Néo Bis!
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