Cherchant vainement à flirter avec la vague des "torture-porn" par son sujet et son titre, ce "Brutal" ne le sera pas vraiment, à cause d'une mise en scène anémiée, d'une intrigue inconsistante et peu vraisemblable, à l'image de son tueur sans aucune prestance à l'écran.
Le script va suivre l'enquête d'un shérif et de son adjoint, suite à plusieurs meurtres horribles commis par un individu laissant comme seul indice une fleur sur les corps de ses victimes.
Après une courte séquence introductive nous faisant pénétrer dans l'antre d'un tueur adepte des outils de jardinage et qui réglera son compte à une jeune femme de manière sanglante mais finalement très peu gore avec ce montage en plans très courts, le métrage va nous présenter ces deux personnages principaux le shérif Jimmy et sa jeune adjointe Zoé, pour rapidement avancer un relation existant entre eux deux, relation extraconjugale pour le shérif marié et qui serait en âge d'être le père de Zoé.
Ensuite, nous allons assister à un premier crime du meurtrier dont le visage sera instantanément montré, tuant tout suspense de ce côté-là, pour une séquence quand même à côté de la plaque, bien que se jouant gentiment des codes du genre et réussissant à interpeller le spectateur, tout en se terminant encore de façon guère graphique. Bien entendu le cadavre, démembré et jeté ans une poubelle sera découvert et le shérif et Zoé vont commencer une délicate enquête, surtout pour le shérif en passe de se faire réélire et qui par la suite verra là la priorité, quitte à cacher à ses concitoyens l'existence des meurtres.
Car évidemment, le tueur va poursuivre son œuvre de mort lors d'une seconde séquence aussi décalée qu'invraisemblable, mais quand même souriante (la victime mourant d'une overdose avant que le meurtrier ne puisse agir) Les corps enterrés, et seules les disparations signalées, nous aurons droit à un battue ridicule avant que zoé ne fasse appel à Leroy, un autiste élevant deux chiens limiers, mais pendant ce temps-là, le meurtrier va encore frapper, nous permettant d'en apprendre plus au passage sur sa personnalité et sa vie rangée dans la commune et alors que Zoé va découvrir dans le dernier acte qu'elle serait bien la prochaine sur la liste de ce meurtrier dont le jeu consistant à placer une fleur sur chacune de ses victimes sera explicité de façon indolente et sans aucune ampleur, à l'image même de ce tueur morne et sans aucune présence à l'écran.
En effet, parmi les défauts du métrage, on retiendra notamment ce maque de prestance d'un assassin transparent, agissant de manière monotone et sans aucun grain de folie palpable à l'écran, même lorsque le film daignera avancer quelques petits plans sanglants. Mais ce ne sera pas tout puisque cette relation entre le shérif et Zoé viendra régulièrement interférer dans l'intrigue pour des passages de dispute sans intérêt et même si cela fournira quelques petits rebondissements cyniques lors du second acte du métrage qui se clôturera de manière basique et sans aucun effort d'imagination.
En plus de n'être finalement que peu sanglant, le film ne proposera qu'un érotisme de salon, trop sage et ce malgré une vulgarité guère assumée, continuant ainsi de frustrer le spectateur qui au final se retrouvera à prendre en sympathie non pas les personnages principaux, mais cet autiste délicat et savoureux (avec par exemple cette manie de devoir ouvrir trente-quatre fois une porte avant de pouvoir rentrer !).
L'interprétation est plutôt convaincante, portée par deux grands noms du cinéma horrifique, Jeffrey Combs qui campera avec justesse ce shérif partagé entre sa famille, sa réélection et Zoé, tandis que Michael Berryman prêtera son physique hors du commun à Leroy pour une prestation toute en finesse et en humour, presque émouvante, laissant à Sarah Thompson d'apporter remarquablement la touche féminine dans le rôle de Zoé. La mise en scène du réalisateur est par contre décevante, cassant le rythme avec des plans basiques et ces rares cadrages originaux ne parviendront pas rehausser un travail limité et plombant en partie l'ensemble. Les effets spéciaux sanglants sont assez probants mais quand même faciles.
Donc, ce "Brutal" sera une belle déception, malgré quelques bonnes idées surnageant dans le marasme ambiant et en dépit d'une interprétation de qualité guère nantie par la mise en scène neurasthénique du réalisateur.
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