Troisième long métrage réalisé par Adam Green, juste après son sympathique "Hatchet", ce "Spiral" en sera l'antithèse totale puisqu'un à un déferlement de gore, le réalisateur va ici répondre par une œuvre psychologique, dépourvue de tout aspect sanglant mais pour autant prenante et envoûtante au possible.
Le script va suivre un jeune homme inadapté socialement, timide et ne vivant que pour le jazz et ses dessins, mais cachant un passé trouble et ayant des démons intérieurs qui vont peu à peu prendre le dessus lorsqu'il va faire la connaissance d'une jeune femme qui va devenir le modèle de ses peintures.
Le métrage commencera de manière étrange pour directement avancer son personnage principal, Mason, perturbé et confus en pleine nuit au point d'appeler son ami Berkeley, qui semblera coutumier de la chose et lui conseillera de retourner dormir, sans être interpellé par les dires de Mason qui voulait appeler la police. Mason écoutera son ami et ira se coucher, non sans que le réalisateur ne s'attarde un instant sur ses mains dégoulinantes d'un liquide qui pourrait bien être du sang.
Ensuite l'intrigue va s'attacher à nous faire découvrir le quotidien de ce Mason, démarcheur téléphonique pour une compagnie d'assurances et qui aura pour chef Berkely, par ailleurs son seul ami ayant de la compassion pour lui et son inaptitude sociale flagrante. Adam Green prendra son temps pour bien laisser le spectateur s'imprégner du personnage central du film, tout en nous intrigant avec ces cauchemars récurrents visiblement vestiges du passé qui vont chahuter Mason.
La vie de Mason va néanmoins changer lorsque sa solitude va être brisée par sa rencontre avec Amber, une jolie jeune femme nouvellement employée dans la même compagnie que lui et qu'il va retrouver régulièrement lors de leurs pause déjeuner sur un banc. Amber semblera grandement intéressée par les dessins de Mason et commencera une tentative de séduction qui a départ se heurtera au mutisme de Mason (laissant un humour discret et probant s'immiscer dans le récit), mais progressivement ce dernier va se laisser faire et accepter qu'Amber pose pour ses toiles chez lui.
La suite de l'intrigue va continuer à suivre l'évolution de la relation entre Amber et Mason, ce dernier semblant toujours à la limite du point de rupture, laissant de fait une tension permanente perdurer tout au long du film, surtout que certaines découvertes d'Amber dans l'appartement de Mason ne viendront pas arranger les choses, lançant alors un dernier acte qui refusera tout débordement sanglant pour préférer jouer la carte de la suggestion, ce qui facilitera la réussite des plusieurs twists du final guère prévisibles et qui donneront une ampleur définitive au métrage.
Bien entendu axée sur son personnage principal tourmenté, l'intrigue va en profiter pour nous dresser le portrait de ce Mason qui deviendra forcément sympathique aux yeux du spectateur, et ce même si les soupçons d'actes barbares pèseront sur lui, amenant ainsi le métrage à aborder des thèmes forts comme l'amitié, la découverte de l'amour auquel ce Mason mettra du temps à céder, mais en les illustrant de façon intimiste et réaliste, entraînant à sa suite le spectateur qui se mettra à redouter et non à prédire le pétage de plombs de Mason, surtout que la fréquentation d'Amber semblera lui redonner une assurance seulement ternie par ces visons et autres cauchemars revenant à la charge régulièrement.
L'interprétation est largement convaincante, portée par un Joel David Moore (également ici co-réalisateur) habité par son rôle et qui trouvera en face de lui une impeccable et charmante Amber Tamblyn pour camper Amber. La mise en scène est largement adaptée au style du film, intimiste et collant au personnage principal.
Donc, ce "Spiral" sera une excellente découverte et prouvera que le réalisateur Adam Green a plus d'une corde à son arc et sera un auteur à suivre de près, comme le prouvera par la suite le réussi "Frozen" !
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