Surfant sur le succès du "Cannibal Holocaust" de Ruggero Deodato, ce "Cannibal Ferox", réalisé quant à lui par Umberto Lenzi, un habitué du cinéma-bis italien, va respecter le cahier des charges du film de cannibales en étant évidemment gore, un tantinet érotique et en n'hésitant pas à sacrifier quelques animaux pour les besoins du métrage.
Le script va laisser une étudiante en anthropologie et deux de ses amis se rendre en Amazonie afin de démontrer l'inexistence du cannibalisme, mais bien évidemment ils vont tomber sur des vrais cannibales ivres de vengeance après le meurtre de l'un des leurs par un trafiquant de drogue.
L'introduction prendra place aux États-Unis pour y suivre un jeune drogué en manque se rendre dans l'appartement de Mike Logan, son dealer, et tomber sur deux hommes à la recherche de Mike depuis qu'il leur a volé de l'argent et qui vont descendre le drogué froidement puisqu'il ne leur sera d'aucune aide. Ce meurtre va déclencher un enquête policière qui constituera le point faible du film en s'éloignant régulièrement de la jungle pour revenir aux U.S.A. le temps de quelques rebondissements dispensables et qui ne trouveront leur maigre justification que lors du final.
Mais heureusement l'essentiel de l'intrigue va s'attacher à suivre Gloria, une jeune étudiante en anthropologie désireuse de prouver que le cannibalisme organisé n'est qu'un mythe destiné à absoudre les massacres commis par les colons espagnols et qui pour ce faire va se rendre en Amazonie avec son frère Rudy et son amie Patricia pour y trouver un village isolé où de soit-disant cannibales vivent et ainsi prouver qu'ils ne le sont pas.
La présentation des personnages sera rapide et ils vont très vite se retrouver seuls en pleine jungle, en panne de jeep (après un enlisement quand même à la limite du ridicule) mais décidant quand même de continuer leur voyage, tombant peu après sur un premier primitif mangeant des larves pour une première séquence peu ragoûtante et en gros plan s'il vous plaît. Ensuite l'intrigue va faire croiser le chemin du trio avec celui de Mike Logan et de son compère Joe, blessé, se disant en fuite après un obscur trafic d'émeraudes les ayant conduit à tomber aux mains de cannibales.
Le métrage va alors enchaîner des séquences assez calmes mais tendues lorsque le groupe va rejoindre le village de primitifs, village déserté de ses guerriers avec seulement des vieillards et des enfants craintifs, fin de tenter de soigner Joe qui ne tardera pas à raconter à Gloria et ses amis la véritable histoire de son périple avec ce Mike pour un flash-back sanglant (l’œil arraché) mais peu après Mike, sous l'emprise de la cocaïne va tuer une jeune indigène, ce qui aiguisera la fureur des primitifs et permettra au métrage de se lancer dans un dernier acte bien barbare, ponctué de scènes gores d'anthologie (la fille suspendues par les seins, le scalp de Mike...), avant qu'un final ironique et défaitiste ne vienne clore l'ensemble.
Bien entendu, malgré le discours humaniste sous-jacent de circonstance, le métrage sera axé autour de ses séquence sanglantes ici nombreuses et très graphiques (avec aussi par exemple cet homme éventré et dont les tripes serviront de repas aux cannibales, quant ce ne sera pas une main qui sera coupée, sans oublier aussi cette castration à la machette certes rapide mais tellement réaliste), mais Umberto Lenzi se laisser aller comme son prédécesseur "Cannibal Holocaust" à quelque séquences de meurtres réels d'animaux tel cet opossum tué lentement par un serpent pour une longue séquence douloureuse, cette tortue décapité et servant de repas aux primitifs tout comme ce petit crocodile massacré. Par contre, l'érotisme sera plus discret avec uniquement cette Patricia qui tombera sous le charme de Mike et finira mal puisque ce sera elle qui aura les seins transpercés par des crocs destinés à la suspendre.
L'interprétation est plutôt convaincante, portée par de nombreux habités du cinéma-bis rital, comme Giovanni Lombardo-Radice composant un Mike halluciné tandis que la belle Lorraine De Selle composera Gloria avec justesse, tandis que la mise en scène d'Umberto Lenzi est assez dynamique lors des temps forts du film pour leur donner une ampleur certaine mais peinera parfois à conserver un rythme constant. Les effets spéciaux sont pour la plupart réussis et réalistes dans un gore franc et volontaire.
Donc, ce "Cannibal Ferox" sera sans certainement le meilleur successeur dans la vague de films de cannibales italiens qui vont suivre "Cannibal Holocaust", en étant bien graphique et généreux, ce qui fera oublier les petites faiblesses du script !
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