Faux remake mais vraie préquelle étonnamment sérieuse et pertinente du classique de John Carpenter, ce "The thing" version 2011 va réussir à exister pleinement avec une intrigue consistante, prenante et tendue pour un huit-clos étouffant (mais sans quand même atteindre le niveau de l'original) qui parviendra également à imposer des visions horrifiques de la "chose" très graphiques.
Le script va envoyer une paléontologue et quelques scientifiques dans une base norvégienne venant de découvrir un vaisseau spatial enfouit dans la glace ainsi qu'une créatures congelée, mais pas pour longtemps...
Après une courte séquence d'introduction suivant un groupe de norvégiens circulant sur la glace à bord de leur véhicule adapté pour tomber dans une crevasse immense, le métrage va rapidement expédier la présentation de son personnage principal, Kae, une paléontologue que nous découvrirons en plein travail pour être interrompue par l'arrivée de l'un de ses amis, Adam, flanqué de son mentor qui va proposer à Kate de les accompagner pour une expédition en Antarctique afin d'étudier un spécimen, mais sans la renseigner plus que cela et exigeant une réponse immédiate. Bien entendu Kate acceptera et l'intrigue pourra aussitôt s’envoler pour l'Antarctique.
A peine arrivés à leur destination, une base norvégienne, le trio sera invité à tout de suite aller voir ce qui a motivé leur présence, à savoir la présence d'un gigantesque vaisseau spatial prisonnier des glace, tout comme son occupant ayant tenté de s'en sortir avant d'être congelé, pour une créature que nous ne ferons qu'apercevoir furtivement et indistinctement dans la glace. Le métrage va alors s'attarder légèrement sur les différents personnages en présence, les américains et leur homologues norvégiens mais toujours sans traîner pour bientôt voir la créature extraite dans un glaçon ramené à la base, où il lui sera fait un prélèvement que Kate voudra empêcher en vain et qui va vraisemblablement réveiller la créature.
L'extraterrestre sortira donc de la glace lors d'une séquence bien agencée et surprenante, pour être rapidement prise en chasse par le groupe et brûlée vive, non sans avoir eu le temps d'ingérer un humain, laissant le loisir aux scientifiques de l'étudier lors d'une autopsie peu ragoûtante et qui commencera à avancer le mode opératoire de la créature pour prendre la forme de ses victimes, et bien entendu, quelque chose aura survécu et se sera mêlé aux pensionnaires de la base.
L'intrigue va alors reprendre l'ampleur paranoïaque de son modèle, chaque protagonistes pouvant avoir été contaminé mais cette nouvelle version arrivera sans mal à se démarquer, revisitant certes certains temps forts, comme la prise de sang ici détournée très habillement par le scénariste, tout en mettant en avant cette créature dont les transformations, sans atteindre l'ampleur de celles du film de John Carpenter, seront bien graphiques et originales dans ce magma humain régulièrement présent devant la caméra mais sans tomber dans le piège d'une surenchère d'effets spéciaux numériques visibles, ici la créature sera crédible jusque dans ses déplacements.
Mais cela ne va pas empêcher un suspense étouffant de s'installer, misant logiquement sur les apparences parfois trompeuses des protagonistes susceptibles de cacher la créature, obligeant de fait le spectateur à scruter chaque mimique, chaque regard et expression pour tenter d'anticiper sur les situations laissant par ailleurs le réalisateur nous bluffer savamment (l’hélicoptère par exemple) pour autant de surprises bienvenues, et ce jusqu'au final lui aussi réussi et qui achèvera de prouver l'intérêt et le respect porté par le réalisateur au film original avec cette dernière séquence en trait d'union inspiré entre les deux métrages (et qui donnera furieusement envie de revoir dans la foulée le film de John Carpenter !).
L'intrigue sera donc intelligemment travaillée pour garantir une tenson palpable de tous les instants, avec également ces décors austères et froids qui renforceront l'isolement des personnages, quand ils ne seront pas eux-mêmes menaçants, notamment dans la dernière partie du film. Les personnages existeront juste ce qu'il faut, laissant la vedette à cette Kate qui ne tardera pas à prendre les commandes du groupe de survivants, et l’interprétation suivra, avec des acteurs peu connus mais jouant juste, tandis que la mise en scène du réalisateur nordique est adaptée, juste et dynamique. Les effets spéciaux sont largement probants, aussi bien pour quelques plans sanglants que pour animer la créature de manière très graphique et visuelle.
Donc, ce "The thing" version 2011 sera une excellente surprise, loin des remakes traditionnelles, et aura son existence propre en arrivant se démarquer du film de John Carpenter tout en demeurant dans sa logique paranoïaque pour ainsi justifier pleinement son existence !
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