Chen Kaige recourt à un tournage semi-documentaire (caméra cachée pour certaines séquences, utilisation à quatre exceptions près de comédiens non-professionnels) pour conter l'histoire d'une paysanne de la Chine du Nord qui demande, sinon réparation, du moins des excuses pour le mauvais traitement qu'a fait subir le chef du village à son paysan de mari (en l'occurrence un coup de pied dans les parties). La bonne âme, à la fois exaspérante et touchante, s'obstine dans sa revendication, faisant appel au policier du lieu, puis au tribunal local, puis à celui de la région et enfin aux autorités supérieures de la ville qui tous semblent confirmer la décision prise : remboursement des frais médicaux ! La chronique chaleureuse et humoristique s'accompagne d'une réflexion sur l'idée de justice et sa relativité. Qui Ju, enceinte, va accoucher avec l'aide précisément de ce chef du village, à qui elle en veut tellement et qui l'accompagne par des routes de campagne pour qu'elle puisse accomplir sa délivrance. Lorsqu'elle obtiendra enfin satisfaction, elle s'étonne du verdict : quelques semaines de prison ferme. Ce que Qiu Ju voulait, c'était simplement comprendre. La réussite du film est notamment liée à l'interprétation de Gong Li, dont le talent multiple éclate dans cette composition d'une paysanne têtue et mal attifée.
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