Traitant d'un sujet peu utilisé dans le cinéma de genre, la volonté des nazis se s'emparer de pouvoirs surnaturels runiques hérités des civilisations nordiques, ce "Blood creek" va réussir avec ses modestes moyens à s'imposer comme une bonne série B, nerveuse, sanglante mais hélas n'allant pas au bout de son sujet en survolant trop souvent ses bonnes idées.
Le script va laisser deux frères retourner dans le ferme où l'un d'eux a été emprisonné pendant deux ans, afin de se venger, sans se douter réellement de ce qui les attend.
La longue séquence introductive, filmée en couleurs sépias, va prendre place en 1936 pour y suivre l'arrivée d'un universitaire allemand dans une famille de fermiers américains, mais eux aussi d'origine allemande, afin d'y étudier une pierre sacrée laissée par les vikings lors de leur intrusion en Amérique, bien avant Christophe Colomb. Cette introduction sera déjà bien réussie, laissant planer une aura maléfique autour de Wirth, cet historien nazi présenté dans la tradition, tout de cuir noir vêtu pour ainsi avancer d'entrée la quête d’immortalité recherchée par les nazis et déjà en cours d'acquisition.
Ensuite, l'intrigue va revenir au présent pour nous présenter rapidement Evan, un jeune ambulancier urgentiste mis en avant en pleine action saignante, vivant avec son père malade et s'occupant de la famille de Victor, son frère vétéran de la guerre en Irak et disparu au cours d'une partie de pêche, nous indiquant clairement la culpabilité ressentie par Evan. Mais Victor va bientôt réapparaître, hirsute, crasseux, barbu et chevelu comme après un séjour loin de toute civilisation, mais également meurtri dans sa chair (cf le sang s'écoulant lorsqu'il prendra un douche) sans pour autant que l'intrigue ne nous en dise plus puisque Victor va tout de suite enrôler Evan dans une expédition punitive destinée à le venger de ceux qui l'ont gardé prisonnier pendant deux ans.
En demeurant floue, l'intrigue va susciter l'intérêt du spectateur et le questionner, mais les réponses ne viendront pas de suite puisque nous allons d'abord assister à l'approche des deux frères vers cette ferme complètement isolée, entourée de barrières aux étranges inscriptions peintes en rouges, pour un passage bien tendu et stressant jusqu'à ce que les deux hommes n'arrivent à maîtriser, parfois dans le sang, les occupants et notamment la jeune Liese qui va ainsi pouvoir commencer à apporter quelques éclaircissements, mais tout en laissant toujours le spectateur dans le vague, notamment quant à la menace pour le moment invisible et qui semble se repaître du sang d’innocents attachés et saignés dans un container.
Commencera alors la seconde partie du métrage, avec le retour surnaturel de Wirth et son faciès très visuel, sorte de vampire coincé aux abords de la ferme par des écritures runiques, nourri par la famille de fermiers ne pouvant s'en débarrasser et qui évidemment va affronter les deux frères enfermés dans la ferme où le monstre ne pourra pas rentrer, toujours grâce aux runes peintes sur les portes et fenêtres. Et le métrage va alors mélanger tout un tas d'idées plus ou moins folles, avec ces morts-vivants épaulant Wirth, quand ce ne sera pas un cheval zombifié qui ira à l'attaque de la maison, ou encore ces différentes révélations ou situations sanglantes qui nous conduiront vers un final quand même quelque peu bâclé mais porteur d'une double fin ouverte très bien trouvée.
Hélas le métrage n'ira jamais au fond de ses idées, survolant ces révélations parfois surprenantes (concernant la famille de fermiers par exemple) ou liées au sujet du métrage et cette quête d'immortalité pour ce Wirth dont le plan sera quand même bien aléatoire, mais tout en permettant au réalisateur d'avancer des plans très réussis de ce monstre muant de façon très graphique. Et si le fond de l'intrigue sera traité de manière trop rapide, l'action sera par contre bien présente pour de nombreuses situations sanglantes versant dans un gore plutôt volontaire.
L'interprétation est convaincante malgré un Dominic Purcell monolithique, grâce à la justesse du jeu de Henry Cavill et de la frêle Emma Booth à l'humanité touchante, Michael Fassbender composant Wirth avec charisme. La mise en scène de Joël Schumacher, revenant à plus de soixante-dix ans à l'horreur fantastique, est vive et immersive pour ainsi donner un bon rythme global au métrage. Les effets spéciaux sont mitigés, largement réussis pour maquiller ce Wirth monstrueux ou pour les effets gores réalisés en "live", mais l'utilisation d'un numérique bien trop visible nuira lourdement à certaines séquences (l'attaque du cheval notamment).
Donc, ce "Blood creek" sera une bonne surprise, volontaire et originale par son sujet et le traitement de celui-ci, compensant ainsi ses petits défauts !
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