Marquant le retour derrière la caméra de John Carpenter après dix ans d'abstinence, ce "The ward" va hélas ne bénéficier que d'une intrigue basique et sans réelle surprises, peinant largement à effrayer mais quand même rendue intéressante et prenante grâce à son atmosphère et à une interprétation probante.
Le script va suivre l'arrivée d'une jeune femme dans un asile psychiatrique pour y rejoindre une section spéciale d’isolement où elle ne tardera pas à croire qu'un fantôme rôde et tue les autres pensionnaires.
Après une séquence d'introduction en mode "terreur" bien trop appuyée pour convaincre, le métrage va prendre place en 1966 pour nous présenter son personnage principal, Kristen, une jeune femme que nous découvrirons en train d'incendier une maison aussi isolée qu'abandonnée en pleine cambrousse pour se faire bientôt arrêtée par deux policiers visiblement à sa recherche. Conduite à l'hôpital psychiatrique de North Bend (imposant bâtiment presque gothique), Kristen, une fois lavée et traitée pour ses blessures et bleus nombreux présents sur son corps, rejoindra une unité spéciale d'isolement dirigée par le Dr Stringer et censée exploiter des solutions de thérapie expérimentales.
L'intrigue pendra son temps pour laisser Kristen découvrir son nouveau lieu de villégiature, avec les autres pensionnaires, toutes des jeunes femmes comme elle, au nombre de quatre et pas si folles que cela et qu'elle va appendre à connaître, tout comme la rudesse de l'infirmière en chef du service. Mais rapidement, des petits éléments vont clocher comme cette couverture qui bougera toute seule dès la première nuit de Kristen dans l'asile et sa première tentative d'évasion tournera court, mais peu à peu la jeune femme va être persuadée de la présence d'un fantôme hantant les lieux, sentiment renforcé après une séquence se voulant terrifiante dans les douches et surtout après la disparition de l'une des pensionnaires, forçant Kristen à vouloir aussi bien découvrir le secret de cette aile de l'asile que de tenter une nouvelle évasion.
Hélas, l’intrigue va se borner à respecter les codes de toute bonne "ghost story" qui se respecte, avec secret caché, apparitions tentant de faire sursauter le spectateur à tout prix (et pour ici n'y parvenir que très rarement, les effets demeurant téléphonés) jusqu'à ce twist final sur-expliqué et guère enthousiasmant, invitant tout juste à reconsidérer le métrage dans son ensemble, et encore. Mais heureusement, le savoir-faire de John Carpenter va illuminer l'ensemble, parvenant à créer une ambiance étrange et ambiguë au sein de ce petit univers hors du temps constitué par cette partie isolée de l'hôpital psychiatrique (la scène de danse en sera le reflet frappant avant d'être balayée par des effets faciles et gratuits), atmosphère rendue bien lugubre lors des séquences nocturnes.
L'autre atout de film viendra de ses protagonistes, et notamment de ces jeunes femmes internées, toutes attachantes et en particulier et logiquement le personnage central du métrage, cette Kristen amnésique mais forte et désireuse de connaître la vérité sur ce passé impliquant une pensionnaire disparue et vengeresse (pour quelques passages sanglants réussis mais guère exubérants), tout en demeurant maligne et déterminée dans son action et sa rébellion contre les méthodes du personnel hospitalier.
Et l'interprétation suivra largement puisque la belle Amber Heard va camper avec justesse et implication cette Kristen, portant ainsi presque complètement le métrage sur ses épaules, tandis que les seconds rôles seront tout aussi convaincants, tel Jared Harris pour composer un Dr Stringer inquiétant et énigmatique. La mise en scène de John Carpenter sera grandement efficace pour participer activement à la création de l'ambiance trouble du métrage, mais hélas sans parvenir à effrayer comme il en avait été capable par le passé. Les effets spéciaux sont probants, aussi bien pour quelques plans gores rapides que pour maquiller ce spectre manquant tout de même de présence à l'écran.
Donc, ce "The ward" sera un retour en demi-teinte pour John Carpenter, ici desservi par un script trop basique, mais dont il aura certainement été capable de tirer le meilleur !
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