Nous venant d'Allemagne, ce drame signé par la cinéaste franco-iranienne Emily Atef ("Molly's Way", "Tue-moi") est un joli film intimiste, particulièrement noir et touchant sur la dépression d'une jeune mère.
Au début de "L'étranger en moi", on ne sait pas trop sur quel pied danser, partager entre cette vision d'une femme déboussoler errant dans les bois, image laissant imaginer que celle-ci ait pu être agressée sexuellement et ces images de cette même jeune femme semblant être heureuse d'être enceinte et bien dans son couple. On ne sait pas trop dans quels sens prendre les images, surtout qu'une fois l'enfant né, la jeune femme semble avoir soudainement de l'indifférence pour celui-ci, voir du dégoût... On se demande alors ce qui a pu lui arriver, a-t-elle été violée pour rejeter ainsi son enfant? En fait non, Rebecca, remarquablement interprétée par Susanne Wolff ("Tatanka", "Dreileben"), souffre d'une dépression postnatale, qui la poussera à rejeter son bébé et à avoir des pulsions morbides envers lui. Le film est en cela très dur par moments, même s'il ne sera pas forcément très démonstratif. Certaines scènes sont assez marquantes, comme celle où elle oublie son bébé dans la rue en prenant son bus ou encore celle où elle tente de le noyer. Le dégradation du couple est également éprouvante, Julian, le mari de la jeune femme, joué par Johann von Bülow ("Dans la forêt vierge après cinq heures") devenant pour elle peu à peu également un étranger, pour lequel elle ne semble éprouver que du mépris. Cette naissance a en effet complètement chambouler la jeune femme, qui, par la suite, après avoir été retrouvée agonisante dans une forêt, devra suivre une thérapie afin d'apprendre à aimer son enfant, pour pouvoir s’en sortir, tout en luttant contre elle-même et sa belle famille, qui tentera de l'éloigner de son mari et leur bébé. Le ton du film est très juste, jamais larmoyant, mais profondément bouleversant et émouvant.
"L'étranger en moi" est une très belle découverte pour ma part, que je vous conseille de découvrir sur un sujet grave, mais malheureusement bien réel.
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