Wanda reste aujord'hui un film unique dans le cinéma indépendant new-yorkais. Par son propos, que sa simplicité ne prive pas de richesse, comme par sa forme qui pour être ingrate n'est pas dénuée de charme. Unique encore dans la carrière de cinéaste de Barbara Loden, ce que font regretter les qualités de son premier film. Wanda se présente paré de la pauvreté stupéfiante du 16 mm, avec des ciels vert acide, avec des terrils pourpres ou des crassiers amarante et surtout des visages violacés ou cramoisis. Wanda est l'histoire d'une jeune femme passive et "paumée". Victime désignée, de bar miteux en motel désert, d'éventaire de marchand de glaces en vitrines provoquantes, de cinéma populaire en restaurant ouvert la nuit, de voyageur de commerce goujat en militaire entreprenant, Wanda rencontrera tous les agresseurs : abandon de l'amant de rencontre, vol de son argent, tentative de viol en voiture. Le noyau du film est la vie commune de peu de durée avec Mr. Dennis et son périple avec lui qu'elle appellera toujours "Monsieur". Mr. Dennis, un cambrioleur, sera lui aussi pour elle un agresseur, la morigénant, la giflant, la critiquant et la rabrouant sans cesse. Le voyage de Mr. Dennis et Wanda sera le périple de tous les couples de gangsters américains. Wanda, film sur un refus passif et inexpliqué, reste, jusqu'aux larmes et jusqu'à l'image fixe de la fin une oeuvre incontournable, magnifique et unique.
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