Nommé et récompensé dans plusieurs festivals où il a fait sensation, "Kill List" surprend par sa violence extrême et profondément dérangeante, mais c'est aussi un film qui ne vous fait douter en permanence...
Ben Wheatley ("Down Terrace", "Touristes", "The ABCs of Death") retrouve ici une grosse partie du casting de son premier film, des acteurs pas forcément très connus, mais très crédibles. Le duo formé par Jay, interprété par Neil Maskell ("Paintball", "Doghouse") et Gal, joué par Michael Smiley ("Cadavres à la Pelle", "La fureur dans le sang"), semble tout à fait normal, les deux hommes ressemblant à des "monsieur Tout-le-monde". Le réalisateur va nous montrer leur quotidien afin que l'on ait l'impression que ce sont des personnes comme vous et moi, montrant d'ailleurs Jay jouant avec son fils et sa femme, se faisant engueuler par celle-ci etc... Seulement voilà, tout comme son comparse Gal, Jay est un tueur à gages et ils exercent leur activité comme nous on va au boulot tous les matins, cela semble être pour eux la routine... Les deux hommes sont d'anciens militaires, ayant fait l'Irak, qui ont trouvé là, un moyen de reconversion. Ce qui est assez amusant dans ce film, c'est vraiment cette description de cette cellule familiale, celle de Jay, avec cette femme inquiète pour leur devenir, car son mari ne travaille plus depuis des mois, alors que lui, sa préoccupation, c'est de s'acheter son jacuzzi... Shel, interprété par Myanna Buring ("The Descent", "Doomsday", "Twilight, chapitre IV et V : Révélation partie 1 et 2"), l'actrice la plus connue du film, connaît de toutes évidences l'activité professionnelle de son mari et malgré cela le pousse à aller bosser... Wheatley prend le temps d'installer son histoire laissant le spectateur confortablement assis, puis peu à peu instaure un certain malaise et le doute dans notre tête, avec notamment ces commanditaires fort inquiétants ou encore lorsqu'on s'aperçoit que Fiona, la compagne de Gal joue un double-jeu. Le réalisateur nous bouscule ensuite soudainement avec une scène particulièrement violente et dérangeante où Jay révèle sa vraie nature, faisant preuve d'une violence et d'un sadisme assez inattendu, laissant supposer que ce type de tortures qu'il inflige, il en a déjà fait subir durant le temps passé sous les drapeaux ou lors de cette mystérieuse mission à Kiev dont on ne saura pas grand chose. Le film bascule ensuite vers l'horreur le plus graphique et le malaise grandit alors d'autant plus que lors des différents meurtres, les victimes semblent tout à fait sereines et même limite consentantes, troublant alors un peu plus le spectateur qui ne sait plus trop quoi penser. La fin, qui n'est pas sans rappeler "The Wicker Man" de Robin Hardy, mais aussi "A Serbian Film", finit de nous achever, par son côté claustrophobe et sa révélation inattendue et choquante. Niveau esthétique, le film fait au départ très film indépendant à la Ken Loach, ce qui ne lui empêche pas d'avoir une photographie très soignée, mais change ensuite radicalement de style sur la fin, comme pour accompagner le changement d'ambiance, aidé en cela par l'étrange BO composée par Jim Williams.
On ne sort pas indemne de "Kill List" et dans tous les cas, il est impossible qu'il laisse indifférent... De toutes évidences, Ben Wheatley est le nouveau cinéaste anglais à suivre!
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