Wild Bunch a mis le paquet sur la promo de "Sinister" au moment de sa sortie ciné et a tout naturellement réussi à attirer mon attention sur ce film dont j'attendais du coup beaucoup... Le danger dans ce cas, c'est justement d'être déçu, car on en espère de trop! Mais pour cette fois, ce ne fût pas le cas et la surprise fût même plutôt bonne...
Le réalisateur de "L'Exorcisme d'Emily Rose" nous revient enfin en forme, après avoir pas mal déçu avec sa version de "Le Jour où la Terre s'arrêta". Grâce à ce "Sinister" très marqué années 80, Scott Derrickson ("Hellraiser 5 : Inferno") nous surprend par cette histoire bien glauque d'un écrivain à succès, Ellison Oswalt, enquêtant sur des meurtres non résolus et venant habiter avec sa famille sur les lieux mêmes des drames, faisant ainsi de l'ombre au travail de la police, ce qui ne sera évidemment pas trop pour plaire à la police locale. Rapidement, le romancier, interprété par un excellent Ethan Hawke ("Bienvenue à Gattaca", "Training Day", "Daybreakers"), va tomber sur des bobines Super 8 de films amateurs montrant des meurtres particulièrement sordides. Il faut bien reconnaître que ces derniers font immédiatement leur petit effet grâce notamment à une musique à chaque fois très efficace et mettant le spectateur profondément mal à l'aise. Des musiques souvent étranges, voire terrifiantes, achetées par le cinéaste, sur internet, à bas prix, à des groupes européens et qu'il diffusera même lors des tournages de ces scènes. Chaque petit film filmé en found footage a sa propre identité, chaque meurtre étant radicalement différent et présentant simplement comme point commun de commencer en filmant une famille dans son quotidien avant une mise en scène macabre se terminant par l’exécution de la famille. Mais à chaque fois, un des enfants disparaît, semblant être enlever par le boogey man à des fins mystérieuses. Ce boogey man, surnommé Mister Boogie, est en fait une divinité païenne du nom de Bagul, personnage graphiquement assez réussi faisant évidemment son petit effet, avec son look situé quelque part entre le gothic à la "The Crow" et un clown sinistre, lui donnant même un côté un peu risible, tout en étant en même temps bien flippant. Malgré les phénomènes inquiétants et la pression de sa femme, Ellison va s'obstiner à enquêter sur ces meurtres, avide du succès que ce nouveau roman pourrait lui apporter, mettant ainsi sa famille en danger. La recette est certes classique, le film jouant notamment sur la peur du noir, usant par exemple de bruits de pas et autres craquements de planché, mais il faut le reconnaître, c'est diablement efficace! L'utilisation des enfants est également réellement effrayante et même si cela n'a rien de nouveau, cela fonctionne aussi parfaitement. "Sinister" repose autrement essentiellement sur les épaules d'Ethan Hawke, les autres acteurs étant relativement secondaires et servant essentiellement à faire avancer l'histoire et en particulier Ellison dans son enquête. D'ailleurs, il est assez amusant de voir que le personnage de la voisine jouée par Angela Bettis ("May", "The Woman") a complètement disparue du montage final, montrant bien la volonté du réalisateur de se concentrer sur son personnage principal. La fin est plutôt inattendu et propre à vous glacer le sang.
Espérons que Scott Derrickson restera à l'avenir sur des budgets modestes, qui lui permettent de garder une réelle liberté d'expression, car cela lui réussit et nous, on en redemande!
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