Le facteur sonne toujours deux fois vit sa première mouture américaine en 1946. Le code de la pudeur y était toujours aussi intransigeant et c'est donc au prix de certaines légères invraisemblances et en maniant le signe et l'allusion que le film put se tenir debout. Le facteur sonne toujours deux fois sans sensualité et sans fond d'Amérique en crise, celà pouvait paraître une gageure. Elle fut tenue par Tay Garnett à l'aide de 2 interprètes physiquement parfaits (Garfield et Turner) et surtout d'idées très séduisantes. Une pancarte "Man Wanted", au début du film, symbolisait à elle seule la frustation de Cora. Le balancement continuel du noir au blanc dans ses vêtements trahissait ses incertitudes caractérielles. Enfin, très belle était l'idée de la nage désespérée des deux amants vers le large, fuite suicidaire et amoureuse qui soulignait l'évolution de leurs sentiments vers quelque chose de plus vrai et pathétique, leur passion liée à la mort et leur désir forcené de bonheur. Enfin dans la perspective des classiques du film noir Garnett fut le premier à avoir l'audace d'imposer comme héros un couple criminel sans avoir besoin de lui trouver quelque alibi. Ceci dit je préfère l'adaptation de Rafelson.
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