CRITIQUE DVD

Dire qu'Irréversible est un excellent film serait malsain si on tient compte du sujet traité (le viol d'une femme et la vengeance du petit-ami et de l'ex). Mais dire qu'Irréversible est un mauvais film serait totalement injuste.

Porté par une réalisation hallucinante et une maîtrise technique évidente, le film est construit à l'envers (on commence par la fin pour arriver au début un peu comme dans Memento) en débutant par le chaos de la violente vengeance pour finir par le bonheur du couple qui ne s'attend évidemment pas aux évènements des prochaines heures.
Cette structure narrative rend encore le film plus horrible qu'il ne l'est déjà car il nous impose des images insupportables avant de nous montrer les mêmes personnages heureux faisant joyeusement la fête quelques heures auparavant.
Toutes les scènes sont des plans séquences absolument déconcertants de précision. Les acteurs sont vraiment fabuleux, mélange d'interprétation et d'improvisation voire même de vécu pour les scènes de bonheur initial entre Cassel et Bellucci. Ils contribuent beaucoup à la réussite du film et rien que pour leurs performances Irréversible est un film à voir.

La scène du viol est évidemment très difficile à regarder (on arrive même à se demander comment quelqu'un à pu filmer ça) mais cet excès de violence n'est-il pas présent justement pour bien montrer l'horreur de cet acte inhumain ??? Cette scène marque le passage entre les deux univers du film : la première partie en enfer et la seconde au paradis.
Et heureusement que la seconde partie est beaucoup plus légère. Elle fait souvent sourire (Vincent Cassel défoncé à la coke qui fait et dit n'importe quoi) parfois même rire (le trio d'acteurs qui parle de sexe dans le métro) pour finalement nous (re)faire pleurer quand on assiste à cette révélation finale (certes attendue) mais rendant le film encore plus triste et touchant.

Malgré des scènes difficiles à supporter, Irréversible est bien plus qu'un film : c'est une expérience éprouvante et bouleversante (en quelque sorte le Requiem For A Dream du viol). On en ressort mal à l'aise mais impressionné devant tant de maîtrise technique, devant tant de perfection dans l'interprétation, devant une histoire si pathétique et pourtant si réelle car ce qui se passe dans le film s'est sûrement déjà passé et se passera sûrement encore : c'est ça qui est vraiment effrayant bien plus que la violence et le scandale que peut provoquer ce film.

Reste cette image forte qui fait froid dans le dos bien plus que le film lui-même : la silhouette d’un homme qui apparaît au second plan lors de la scène du viol et qui au lieu de venir aider la future victime s’en va sans rien faire. Ce passage pose une question essentielle : que ferions-nous dans une telle situation ???
Après ce film, la réponse est évidente.

Une image granuleuse (voulue par le réalisateur) mais cependant très réussie. Les couleurs sont bien restituées et la fluidité et la netteté lors des nombreux mouvements de caméras reste exemplaire.

Une bande-son DD 5.1 efficace qui accroit vraiment le malaise que provoque le film. La première partie fonctionne sur des bruits et des boucles de musiques oppressantes alors que la seconde devient plus claire avec musique électro et dialogues. Les effets sont bien répartis et contribue à faire d'Irréversible une véritable expérience cinématographique.

Une interactivité peu fournie mais suffisante.
Tout d'abord les menus sont esthetiquement très réussis même si la longueur des transitions peut énerver à la longue. Totalement dans l'esprit du film (lettres inversées, tournoiements, musique) les menus sont une bonne introduction pour nous préparer à la vision du film.
Le commentaire audio est une véritable merveille. Gaspard Noé est très bavard et nous fais comprendre les raisons de la violence d'un tel film. Agrémenté de nombreuses anecdotes de tournage passionantes, ce commentaire est indispensable. Le seul défault vient du fait qu'à l'origine il était prévu que Monica Bellucci, Vincent Cassel et Albert Dupontel accompagne le réalisateur pour le commentaire. Finalement, cela ne s'est pas fait. Dommage car il aurait été interressant de savoir le point de vue des acteurs.
Un documentaire sur les effets spéciaux nous explique comment ont été truquées les séquences du viol et de l'extincteur. On apprend aussi que le numérique a permis d'effacer de nombreuses ombres, de mélanger les plans ou encore de recadrer. Des informations pertinentes mais un documentaire beaucoup trop court.
Une scène coupée très courte présentant Monica Bellucci sur son lit d'hopital ne présente que peu d'interêt.
Le court métrage Intoxication réalisé par Gaspard Noé est assez ennuyeux et finalement dispensable.
Enfin, 1 bande-annonce, des teasers et deux clips viennent compléter l'ensemble.

Mais ce n'est pas finit : on retrouve dans le coffret 3 cartes postales et sur CD séparé la BO du film composée par un des membres du groupe Daft Punk. Cette BO contient de nombreuses musiques électro mais aussi la reprise "Mon Manège A Moi" d'Etienne Daho et aussi la somptueuse symphonie n°7 de Beethoven. Voila un bonus qu'on ne retrouve pas souvent (ou dans les édition deluxe comme Avalon ou Ghosts Of Mars) et qu'on écoute avec plaisir. Dommage que tous les éditeurs ne fasse pas de même.

Packaging réussi sous forme de coffret cartonné (comme Gladiator et Hannibal). Belle jaquette alliant le caractère sombre de l'affiche originale avec des couleurs fluos. Magnifiques sérigraphies. Du beau travail.
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