Après avoir remporté la Palme d'Or à Cannes en 2010 avec "Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)", le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul ("The Adventure of Iron Pussy", "Tropical Malady", "Syndromes and a Century") nous revenait en 2012 avec un nouveau documentaire/fiction expérimental...
Comme la plus part de ses autres films, "Mekong Hotel" n'est pas un film facile d'accès, le rythme y est très lent, excessivement lent même, on est souvent carrément dans la contemplation, et puis le réalisateur mêle à la fois reportage et film de fiction et il faut bien avouer que cela a de quoi décontenancer le spectateur! Ainsi, soit vous serez envoûté par le film, soit vous risquez de vous ennuyer à mourir, voir de vous endormir carrément! En fait, il vaut quand même mieux ne pas être trop fatigué avant d'appréhender cet étrange objet filmique non identifié! Le film se déroule dans un hôtel situé en bordure du Mekong, à la frontière de la Thaïlande et du Laos, frontière symbolisant à la fois celle séparant le monde des vivants et celui des morts, mais aussi si on va plus loin celle entre la réalité et la fiction. On est ici en quelque sorte dans un film dans le film, puisque le réalisateur et son équipe tourne là un film intitulé "Ecstasy Garden", écrit il y a plusieurs années, décrivant les liens qui unissent une mère devenue un « Pii Pob », c'est-à-dire un fantôme dévoreur d'entrailles, et sa fille, un couple d'amoureux et le fleuve... Oui, tout ça n'est pas forcément très clair! C'est même assez confus et on est vite assez pommé par le réalisateur qui signe là un film qui se ressent plus qu'il ne se comprend. Je dois dire qu'au départ, je n'étais guère intéressé par celui-ci, je commençais même d'ailleurs à flancher sérieusement lorsque d'un coup j'ai été surpris par cette vieille femme dévorant les intestins de sa fille. Cela surprend! Ça m'a d'ailleurs suffisamment intrigué pour que je regarde ensuite le film avec une certaine curiosité, me laissant peu à peu happer par ces longs plans fixes et bercer durant tout le film par cette mélodie simple à la guitare acoustique, celle jouée en fait par celui en train de composer la musique du film. Apichatpong Weerasethakul signe là un film vraiment étrange, à part même, un film qui divisera forcément ses spectateurs! Pour ma part, je suis quand même resté vraiment dubitatif en tous cas devant la dernière scène, un plan fixe absolument interminable où le réalisateur filme des jet-skis au loin sur le Mekong alors qu'un petit bateau de pêche remonte le fleuve... Le film ne dure que 57 minutes, mais pas de problème, on les voit bien passer!
Avec "Mekong Hotel", Apichatpong Weerasethakul continue à nous offrir un cinéma contemplatif et à décontenancer un peu plus encore le spectateur qui le regarde. Avec ce genre de films, il y a peu de chances que les avis soient mitigés, soit on se laisse embarquer, soit on jette l'éponge!
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