Vaudou est un fascinant et constant exercice d'équilibre entre le surnaturel et le naturel, le fantastique et le rationnel. Mais, contrairement à la démarche habituelle qui consiste à laisser percer sous le quotidien le pied fourchu du surnaturel, Tourneur va suggérer derrière l'insolite la présence de la rassurante logique, rassurante, mais pour un temps seulement, insuffisante en tout cas à tout expliquer. Une femme absente au monde qui l'entoure, yeux grands ouverts sur le vide, insensible, incapable de la moindre volonté : c'est un zombie, un mort-vivant. Premier niveau d'explication, celui médical de la fièvre mystérieuse. Deuxième niveau d'explication, celui secret et passionnel du drame de famille, la victime ayant été traumatisée par le choix qu'elle a eu à subir entre l'amour de deux frères. D'où le recours par l'infirmière à des méthodes psychanalytiques. Troisième niveau, celui de la malédiction vaudoue. Tourneur ne tranche pas entre l'explication rationnelle et l'explication fantastique malgré la séquence démystificatrice où l'on apprend que c'est la veuve du missionnaire qui tire les ficelles et joue les pythies. Vaudou est certainement le meilleur film de Tourneur avec La nuit du démon et La féline.
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