Après le très réussi "La route", le réalisateur australien John Hillcoat nous revenait en 2012 avec "Des hommes sans loi" ("Lawless" pour la VO), un long métrage combinant le western et le film de gangsters, adapté du roman historique de Matt Bondurant intitulé "The wettest county in the world". Le scénario écrit avec la collaboration du chanteur Nick Cave est largement inspiré de la vraie histoire familiale, bien que largement romancée par manque de documentation, des frères Bondurant qui se sont spécialisés dans la contrebande d'alcool au début des années 1930, durant la fameuse époque de la Prohibition aux USA. La grande originalité du film tient au fait qu'il se situe non pas dans une grande ville comme le Chicago d’Al Capone mais dans un comté reculé de la Virginie, où ces "bootleggers" un peu bouseux ont du fil à retordre avec des trafiquants rivaux et une police locale elle même corrompue, ce qui justifie assez le mélange des genres cinématographiques!
À partir de ce thème de la Prohibition déjà maintes fois rebattu au cinéma, la réalisation de John Hillcoat a opté pour une successions de plans un peu surprenants mais assez bien sentis, le tout dans des décors et des costumes visuellement impeccables. Le film alterne un rythme lent, très “ambiance”, façon western, et des scènes sanglantes et ultra-violentes qui le font réserver à juste titre à un public averti. Une alternance qui fait d'ailleurs un peu penser à la construction de "Drive" de Nicolas Winding Refn. Certains pourront trouver le film long, voire très long, et n'échapperont pas à une impression de déjà vu, mais si on est happé par cette saga familiale dès le début du film, on ne voit pas trop le temps passer. L’humour n’est pas non plus absent, que ce soit dans l’exagération du côté rude du personnage de Tom Hardy, les façons ultra-maniérées de celui de Guy Pearce ou encore les maladresses des plus jeunes protagonistes.
"Des Hommes Sans Loi" est un film indéniablement stylé, de plus soutenu par un casting alléchant et une interprétation qui ne démérite pas, où l'on retient essentiellement le jeu d'acteurs de Tom Hardy et dans une moindre mesure celui de Shia LaBeouf, alors que les personnages féminins (Jessica Chastain et Mia Wasikowska) sont plus en retrait. En résumé, voilà un fort bon film de gangsters néanmoins handicapé par son classicisme et une mise en scène académique, qui comme "Public enemies" (2009) de Michael Mann me laisse sur un avis mitigé...
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