Célèbre pour être l’un des rares réalisateurs français à croire au cinéma fantastique, auquel il a donné plusieurs œuvres tout à fait insolites (Le viol du vampire, La rose de fer, La vampire nue), Jean Rollin met en scène avec Le frisson des vampires l'un de ses films les plus intéressants. On y retrouve les thématiques qui lui sont chères avec des vampires, un érotisme très présent avec notamment de très belles jeunes femmes qui s'adonnent parfois à des plaisirs saphiques. On notera en particulier la présence de la sublime Sandra Julien dans l'un des rôles principaux.
Jean Rollin nous amène dans ces lieux ordinaires qu’il affectionne (comme on peut le voir dans d'autres de ses films), comme le château, la plage, ou le cimetière (qui constitue d'ailleurs un lieu romantique aux yeux du réalisateur) qu’il transforme par sa mise en scène en espaces extraordinaires, où tout est possible. D'ailleurs, certaines séquences sont étonnantes, en particulier celle où une jeune femme (vampire, forcément !) sort d'une horloge.
Le frisson des vampires peut toutefois déstabiliser le spectateur lambda, comme tous les autres films de Rollin, par son rythme lancinant et sa narration erratique qui donnent au métrage l’aspect d’un rêve (ou cauchemar) éveillé. C’est un film qui se base avant tout sur son ambiance (ici on a en outre une excellente bande son psychédélique), sur le ressenti et on peut trouver cela tout à fait ridicule et inintéressant. Mais si on se laisse porter par la beauté surréaliste des images alors le spectacle devient envoûtant, insolite, presque hypnotique.
Le film est en tout cas selon moi une vraie réussite, son seul défaut restant la distribution du film avec les acteurs qui donnent parfois l'impression de débiter des paroles qu'ils auraient apprises par cœur. Mais cela n'empêche pas d'être emporté par ce film atypique qui se termine de façon très belle sur la plage chère à Jean Rollin.
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