"Paprika" est une nouvelle écrite par le japonais Yasutaka Tsutsui à partir de 1991 dans la version japonaise du magasine Marie Claire. Le succès de la nouvelle engendra 3 suites qui finirent par devenir un roman publié en librairie. En 1995, l'histoire est adapté en bande dessinée et très vite on parle d'une adaptation au cinéma. Mais l'histoire trop complexe et couteuse à porter à l'écran fait que le projet ne verra pas le jour. Déçu, l'écrivain contacte l'animateur Satoshi Kon pour lui demander s'il accepterait d'en faire un manga animé, ce qu'il accepte immédiatement.
Il faut dire que l'histoire de ce roman s'intègre à merveille dans l'oeuvre de l'animateur japonais et parait presque la suite logique de ses films "Perfect blue" et "Millenium princess". Il s'est toutefois autorisé de remanier le scripte pour s'approprier l'histoire. Satoshi Kon aime les montages complexes en bousculant le spectateur trop habitué au montage souvent linéaire des films; "Millenium princess" en été déjà une belle illustration en mélangeant les univers d'une filmographie d'une actrice de cinéma. Donné le thème de la psychologie des rêves (et des cauchemars) de l'homme au cinéaste, c'est comme lâché un enfant dans un magasin de jouets. Il va en faire un film au scénario extrêmement complexe et au montage tout aussi alambiqué. Un manga résolument adulte et particulièrement flamboyant visuellement (le rêve de la parade). Le thème de la captation des rêves est devenu un classique de la science-fiction ("Jusqu'au bout du monde", "Inception", "Matrix", "La jetée"), mais le réalisateur japonais y apporte ici toute la culture japonaise actuelle, mélangeant le traditionnel avec la modernité issue de l'histoire du Japon. On ne s'étonnera donc pas d'y retrouver un goût pour le catastrophisme apocalyptique et des références à d'autres classiques japonais comme "Godzilla", "Ghost in the shell", "Akira" ou l'attirance de Miyazaki pour les vols dans le ciel.
Les rêves devaient être à nouveau le sujet de son film suivant "The dreaming machine", avant qu'un cancer foudroyant ne l'emporte à l'age de 46 ans.
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