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En 1978, fort du succès de "Voyage au bout de l'enfer", Michael Cimino devient l'enfant prodige du Nouvel Hollywood et reçoit carte blanche pour monter le projet de son choix. Ca tombe bien, il veut faire un western inspiré de la guerre du comté de Johnson: "La porte du paradis", un pan oublié de l'histoire de l'Amérique, où le gouvernement autorisa officiellement d'abattre immigrants sous prétexte d'anarchie dans le pays. Pensant produire un simple western, les financiers n'avaient pas compris que la vision de Cimino était plus de l'ordre de la fresque historique à la David Lean et non d'un duel à la John Ford. Budgétisé 7.5 millions de dollars, le film titanesque devint un véritable gouffre financier atteignant les 40 millions ! Cimino refusant de tourner en studio voulait tourner en décors naturelle dans des endroits souvent inaccessibles. Sa gourmandise de pellicule (plus de 200 heures impressionnées) et des plans atteignant parfois 60 prises allongea le tournage sur près d'une année. Cimino accoucha d'un film fleuve de 3h40 aux images splendides, d'une virtuosité rarement atteinte, aux paysages somptueux. Le cercle est la figure récurrente de sa mise en scène, qu'il va répéter dans toute les scènes fastueuses du film (le bal inoubliable à Harvard, la patinoire à roulette du Wyoming et le siège final dans la plaine). Mais à sa sortie et durant son tournage, le film fut honteusement trainé dans la boue par la presse et le public américain refusa de voir ce pan d'histoire contraire à l'image mythique de l'Amérique, terre d'espoir et de liberté. Après une semaine d'exploitation désastreuse, Cimino dut céder aux producteurs et accepta de raccourcir son film à 2h25. Cet énorme échec commercial conduira les Artistes Associés au bord de la faillite (sauvé par le succès populaire du James Bond "Rien que pour vos yeux") et est encore aujourd'hui la hantise de tous les producteurs à Hollywood. Mais le temps joue en faveur du film. Aujourd'hui toutes les critiques s'accordent à le reconnaitre comme un chef d'oeuvre maudit, mais le public américain classait encore en 2010 le film dans le top 10 des films les plus détestés (sondage du magasine Empire). De ce timide retournement d'opinion qui suite encore son cours, résultera tout de même la résurrection de la version longue initiale qui refit son apparition un dizaine d'années après sa sortie, pour le marché de la vidéo et qui est désormais devenu la plus courante et reconnue.
Mais Cimino ne se remettra jamais vraiment de cet échec et sa carrière postérieur à ce film en est aujourd'hui le témoin. Historiquement, l'échec du film symbolise aujourd'hui la fin du Nouvel Hollywood des années 70, celui où les auteurs et réalisateurs avaient pris la place des studios pendant une décennie. Les années 80 commençaient, Spielberg et Lucas venaient de donner les clefs aux studios pour reprendre les rennes du box office.
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(2.5/3) 
